Centrale syndicale, patronat et gouvernement annoncent qu'ils prendront d'importantes décisions. Considérée comme l'évènement majeur de la rentrée, des millions de travailleurs et de retraités attendent avec impatience la réunion de la prochaine tripartite qui se tiendra à la fin de ce mois à Alger. Selon les déclarations faites par les uns et les propositions émanant des autres, un consensus semble s'être dégagé, à savoir le relèvement du seuil du Salaire national minimum garanti qui est actuellement de 15.000 dinars. Conscients des énormes difficultés que rencontrent de plus en plus les travailleurs, en particulier les smicards, et soucieux de préserver leur pouvoir d'achat qui ne cesse de se dégrader en raison de l'érosion du dinar et du dérèglement du marché des fruits et légumes, qui a connu des hausses sans précédent cette année, syndicat, patronat et gouvernement semblent être sur la même longueur d'onde et plaident tous pour une révision du Snmg. Le secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, avait annoncé la couleur en déclarant il y a quelques jours que «la prochaine réunion de la tripartite sera l'occasion de promouvoir et de défendre le pouvoir d'achat des travailleurs, d'augmenter le salaire national minimum garanti et de prospecter les voies et moyens de développer les entreprises économiques pour les aider à créer des emplois». Lui emboîtant le pas, le secrétaire national chargé des conflits sociaux et des questions économiques, Achour Telli, qui était l'invité de l'émission «Jeudi Economie» de la Chaîne internationale de la Radio nationale, a indiqué pour sa part que «la Centrale soumettra à la tripartite des propositions dans le cadre de l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs». Ces propositions, selon le représentant syndical, concernent l'augmentation du Snmg, la baisse de l'IRG et la «redéfinition» de l'article 87 bis qui serait à l'origine de certains blocages, du moins c'est ce qu'a souligné M.Telli. «Le Snmg comprend le salaire de base, les indemnités et les primes, à l'exclusion des indemnités versées au titre de remboursement des frais engagés par le travailleur.» Pour aller dans le sens de l'amélioration des conditions professionnelles et sociales des travailleurs, l'«Ugta a établi 11 simulations dans onze secteurs qui concernent les deux tiers de l'ensemble des travailleurs afin d'arriver à une vision claire et à des propositions chiffrées et concrètes», a-t-il précisé. Et d'ajouter: «Toutes ces propositions auront des incidences financières.» Le président de la Confédération générale des entreprises algériennes, Habib Yousfi, se dit lui aussi très optimiste et considère que cette réunion très attendue de la tripartite est une occasion inespérée pour débattre en toute sérénité de la question d'augmenter le Snmg. «Nous allons débattre, sereinement de cette question et j'espère que nous arriverons à un consensus», a-t-il déclaré lors d'une émission radio. Certain de l'impact que ne manquera pas d'avoir l'application d'une telle mesure sur le budget de l'Etat et sur l'environnement de l'entreprise, le président de la CGEA campe sur sa position. «Je ne pense pas que nous allons dire non. Il n'est pas nécessaire de le faire dans la mesure où le pays a aujourd'hui besoin de tous ses partenaires pour aller de l'avant», a-t-il déclaré. Pour Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), l'«agenda de la tripartite prévue pour la fin de ce mois de septembre aura un fort contenu social». Il reconnaît le bien-fondé des revendications de l'Ugta, notamment celles ayant trait à la révision du Salaire national minimum garanti, mais il affirme vouloir défendre avant tout le point de vue de l'entreprise. «Nous comprenons le bien-fondé des revendications de l'Ugta, pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens, mais beaucoup d'entreprises ne pourront pas supporter le surcoût des charges qui résultera d'une augmentation sensible des salaires des travailleurs.» L'amélioration du climat des affaires alimente toujours le débat. Répondant aux opérateurs économiques, Mohamed Benmeradi, ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, estime que «la levée des contraintes à l'investissement nécessitera plus de temps. L'amélioration du climat des affaires est un climat permanent. Ce que disent les patrons n'est pas faux. Il existe encore aujourd'hui beaucoup de contraintes que la tripartite avait notamment identifiées mais qu'on ne peut lever en six mois».Lors de la dernière tripartite qui s'est tenue en mai, les opérateurs économiques avaient dénoncé la bureaucratisation de l'administration, les lenteurs des secteurs bancaire et commerce extérieur. Autre dossier brûlant qui sera à l'ordre du jour des travaux de la tripartite, celui des retraités et dont la Centrale syndicale a fait son cheval de bataille et sa priorité compte tenu des difficultés que rencontre cette frange de la société qui s'estime lésée et qui attend un coup de pouce des participants pour être rétablie dans son droit et vivre dans la dignité.