La révolution arabe ne semble pas sourire à toutes les télévisions dans le Maghreb. Nessma TV, qui a été créée deux ans seulement avant le départ de Ben Ali, redoute cette ouverture, qui risque de lui prendre de plus en plus d'espace publicitaire et d'espace d'expression en Tunisie et ailleurs. Selon certaines sources à Tunis, Nabil Karoui a très mal pris l'annonce de l'ouverture audiovisuelle en Algérie. Déjà très mal appréciée par les autorités locales et par certains médias de presse algériens, Nessma TV risque également de perdre ses soutiens médiatiques en Algérie puisque ces mêmes soutiens ont annoncé la création de leurs propres chaînes. Cela au moment où en Tunisie, Nessma TV fait face à une rude bataille audiovisuelle contre Hannibal TV et contre la chaîne publique Al Watanya. Depuis le 15 septembre, Nessma TV est soumise à une fermeture de son champ audiovisuel politique puisque l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) a interdit toute publicité ou débat durant la campagne électorale. Le vendredi 16 septembre, une coalition formée de huit partis a condamné vivement la partialité des télévisions et des radios privées. A leur yeux, aucun doute, une collusion claire entre les médias privés (Nessma TV et Hannibal TV) et certains milieux d'affaires et quelques partis, tend à favoriser la réémergence des résidus du RCD ex-parti de Ben Ali dissous. Nessma TV continue de diffuser des spots et des affiches de certains partis politiques en dépit de la décision de l'Isie. Selon des sources internes à Alger, Nessma TV a décidé de réduire ses dépenses et va revoir à la baisse sa régie de production d'émission. L'animateur algérien Tayeb l'a appris à ses dépens, puisqu'il lui a été notifié de rester à Paris parce qu'il n'y aura pas de tournage de l'émission Jak el marssoul jusqu'à à novembre. Le bureau d'Alger a même refusé d'accepter le short programme proposé par la maison Thala production Djawab Bassit malgré la qualité et le succès du programme sur Internet. Nessma TV aurait expliqué au producteur algérien que le programme n'était pas une création originale et qu'elle pouvait la fabriquer elle-même si elle le désirait. En réalité, le bureau de Nessma TV ne fait plus confiance aux producteurs algériens, notamment après l'épisode de Bella Prod et sa Caméra chorba. Deux mois de non-production, c'est l'asphyxie totale financièrement pour une télévision qui ne possède pas d'aide de l'Etat ni des organisations étrangères. Nessma TV et Hannibal TV n'auraient pas apprécié surtout les nombreuses aides internationales accordées à la télévision publique tunisienne alors qu'elle possède encore le monopole de la publicité. L'autre mauvaise nouvelle pour Nessma TV c'est le feu vert accordé par l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (Inric) pour le lancement de cinq licences pour la création de nouvelles chaînes de télévision en Tunisie. Le P-DG de Nessma TV avait misé sur la progression de la chaîne en cinq ans, mais la révolution arabe est venue bouleverser le programme et surtout la maturation de la petite chaîne du Grand Maghreb. [email protected]