Suivant l'actualité de la chaîne Nessma TV, avec grand intérêt, nous avons pu obtenir les réponses de M.Nabil Karoui, son P-DG à propos de certains dossiers sensibles qui lient cette télévision privée tunisienne à l'Algérie. Ainsi concernant la confirmation du refus d'agrément de Nessma TV par l'Algérie, M.Kaoui a déclaré: «Je le confirme, hélas! En effet, c'est une décision souveraine dont je ne saisis pas les raisons (jusque-là non déclarées) mais que je respecte. Je reste toutefois optimiste. D'abord parce que l'Algérie demeure un pays voisin ouvert. Ensuite parce que la vocation première de Nessma est d'être une chaîne maghrébine qui ambitionne de contribuer à l'édification de l'Union du Maghreb arabe, rêve de toutes les générations passées et présentes. Et le Maghreb ne pourra se construire que grâce à la participation de tous les Maghrébins.» Le patron de Nessma TV ajoute qu'accorder à Nessma l'agrément pour ouvrir un bureau de représentation et de correspondance en Algérie, pays central dans la région, s'inscrit dans le sens de l'histoire. Cela dit, il affirme continuer à couvrir l'Algérie avec tous les moyens dont la chaîne dispose. Il faut dire aussi que l'Algérie représente une source de revenus non négligeables pour la télévision des frères Karoui, puisqu'il affirme que ses revenus publicitaires venant du marché algérien, représentent 19% du montant global. Pour ce qui est des relations avec l'Entv, suite aux déclarations polémiques de Tarek Ben Ammar à la conférence de la Copeam à Paris, M.Karoui a répondu que Tarak Ben Ammar, est un grand ami de l'Algérie et que ses propos ont été exagérément amplifiés et mal interprétés. Qu'il s'en est expliqué et c'est de l'histoire ancienne. Quant à ses rapports avec l'Entv, ils sont dit-il, tout à fait normaux, empreints d'amitié, de respect mutuel, d'esprit de collaboration et de solidarité. S'agissant de l'avenir de sa télévision au lendemain de la Révolution de Jasmin, Nabil Karoui explique que le paysage audiovisuel tunisien après le départ de Ben Ali cherche sa voie encore dans un concert de mille et une voix et c'est bien naturel après 23 ans d'unanimisme et de silence imposé, et qu'aujourd'hui la liberté d'expression et le pluralisme médiatique sont là. Il a révélé à cette occasion que la diffusion, le 30 décembre 2010, d'un reportage sur Sidi Bouzid, a valu à la chaîne, dès le lendemain, les foudres de l'ancien régime puisque, outre les menaces et les coups de fil de colère et d'intimidation reçus par les dirigeants de la chaîne, un huissier de justice s'est présenté le 31 décembre tard le soir, à mon domicile, pour me mettre en demeure (écrit) de ne pas rediffuser l'émission et de ne plus produire aucun programme d'ordre politique. Enfin, au sujet de la relation de Nessma TV avec le nouveau pouvoir en Tunisie, Nabil Karoui a déclaré que Nessma TV demeure une chaîne indépendante et nul ne lui dicte sa ligne éditoriale. Avant d'ajouter: «Le nouveau pouvoir en Tunisie est issu de la révolution et nous avons avec lui les rapports que nous dicte notre engagement total en faveur de cette révolution et notre devoir d'informer en toute liberté et indépendance, dans le respect de la déontologie professionnelle.» Enfin, le patron de Kakoui and Karoui a déclaré que Nessma TV sera plus forte dans 5 ans, précisant que Nessma TV a accompli en peu de temps des progrès sensibles et franchi des étapes décisives. Comme en témoigne dit-il, son audience qui a conquis droit de cité dans l'espace audiovisuel tunisien et maghrébin.