Les missiles, une arme redoutable aux mains des terroristes Les risques d'attaques terroristes sont nourris par la circulation des armes engendrée par la crise en Libye. Les Etats-Unis qui viennent de commémorer le 10e anniversaire des attentats du 11 septembre, demeurent l'une des cibles d'Al Qaîda, même après la neutralisation d'Oussama Ben laden. Le général Carter Ham, Haut commandant d'Africom, fait état d'une menace sérieuse contre les USA. Un porte-parole du département d'Etat américain a confirmé que la menace d'attaques aux missiles pesait sur les avions et les firmes pétrolière au Sahel. En Arabie Saoudite aussi, il y a eu des révélations sur des éléments composant une cellule de 41 terroristes, dont 38 Saoudiens, un Qatari, un Afghan et un Yéménite. Ils prépareraient des attentats contre deux bases américaines au Qatar, à As-Sailiyah et d'Al Udeid, situées à 34 et 20 km au sud de Doha. La cellule, avait déclaré le procureur général, visait également le Koweït soulignant la coordination entre cette cellule et celles qui activent en Irak et en Syrie pour une couverture logistique. Les USA font également face à des menaces contre leurs intérêts en Algérie. Le département d'Etat américain parle de projets d'attentats d'Al Qaîda tout en précisant que l'ambassade des Etats-Unis à Alger a été informée de menaces. «Nous continuons à faire face à une menace terroriste importante d'Al Qaîda, de ses filiales et de ses adhérents»,est-il indiqué. La presse, notamment l'Expression, a cité récemment des sources sécuritaires qui ont averti sur d'éventuels attentats contre des bases pétrolières dans le sud de l'Algérie où les autorités militaires font preuve de vigilance à cause de la circulation d'armes lourdes dont des missiles. Le climat, nous a confié une source informée, est très tendu à cause de la crise en Libye. C'est ce que vient d'ailleurs de confirmer le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, Eric Denécé, à Alger en soulignant que les opérations militaires en cours en Libye auront des conséquences extrêmement dommageables pour la sécurité et la stabilité de la région du Sahel et du pourtour méditerranéen. Eric Denécé intervenait lors d'une rencontre sur le terrorisme intitulé «La menace terroriste à la lumière de la situation en Libye». Le conférencier revient également sur les quantités d'armes pillées dans les casernes libyennes. Il s'agit de mitrailleuses, d'armes individuelles et de missiles sol-air. Il affirme que les groupes terroristes, qui étaient traqués ces dernières années par les pays de la région, y compris par la Libye, ainsi que les réseaux du crime organisé, étaient en train de tirer profit de cette situation pour s'armer davantage. La rencontre est organisée dix jours après la Conférence internationale sur le terrorisme et le crime organisé, à Alger des 7 et 8 septembre derniers à laquelle pas moins de 40 pays ont pris part. L'Algérie ne cesse de multiplier ses activités pour avertir l'opinion nationale et internationale sur les menaces majeures et les conséquences qui résultent de la guerre civile en Libye, mettant en garde les Occidentaux sur le renforcement d'Al Qaîda au Maghreb. En fait, les experts nationaux et internationaux disent qu'il existe une menace transnationale pouvant atteindre des pays de l'autre côté de la Méditerranée. Le comportement des Occidentaux, des Nations unies et de l'Otan qui interviennent dans les conflits qui secouent le monde arabe, a été vivement dénoncé. Saïda Benhabylès, membre fondateur du Centre international de recherche et études sur le terrorisme, soutient que pour combattre la dictature et les injustices, il ne faut pas prôner la politique des deux poids, deux mesures. D'ailleurs, elle ne manquera pas de s'interroger sur la conduite de certaines puissances qui «prônent le retour aux liaisons dangereuses d'avant le 11 septembre 2001». Elle déclare: «Nous ne comprenons pas que l'Occident joue avec le feu pour sauvegarder ses intérêts économiques et géostratégiques, en permettant la prolifération d'armes lourdes et légères, le renforcement des rangs d'Al Qaîda dans la région du Sahel qui risque de devenir leur sanctuaire.» Lors de son intervention, Saïda Benhabylès condamnera l'appel de certains pays occidentaux adressé au Conseil de sécurité de l'ONU portant sur l'adoption d'une résolution officialisant le droit d'ingérence à travers une intervention militaire. «Nous voulons des projets de développement et non pas des projets de guerre», a-t-elle déclaré. «Les peuples palestinien et sahraoui ne bénéficient pas de cette volonté affichée par les grandes puissances de protéger la population civile. Combien de résolutions adoptées par l'ONU en faveur du peuple palestinien n'ont pas vu le jour? Et combien de pays occidentaux s'opposent à l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental?» s'interroge-t-elle. Le président du Ciret, Yves Bonnet, a rappelé notamment le principe onusien de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un pays. Il précise: «L'intervention militaire était toujours génératrice de conséquences que l'on ne mesure pas.» Et de dénoncer, à son tour «la politique des deux poids, deux mesures» concernant l'application immédiate des résolutions relatives à la Libye et non pas celles concernant la Palestine.