Cela fait presque 20 ans que l'Algérie lutte contre le terrorisme, qu'il porte le nom de GIA, Gspc, ou Al Qaîda au Maghreb, Quatre années après et dans le sillage de la mort d'Oussama Ben Laden, le monde découvre subitement que l'organisation terroriste n'a pas tout à fait abandonné l'idée de mettre l'Algérie à feu et à sang. Les documents saisis dans la maison du principal fondateur de cette organisation Oussama Ben Laden, neutralisé par un commando de GI'S à Abbottâbâd au Pakistan, le premier mai dernier, mentionnent que l'Algérie demeure une cible privilégiée d'Al Qaîda, autant que les Etats-Unis d'Amérique et les Etats occidentaux. Ces documents précisent que si Ben Laden concentrait ses projets dévastateurs sur les USA et ses intérêts, ses lieutenants optaient plutôt pour des actions régionales qui engloberaient des pays comme l'Algérie, la Somalie et le Yémen. Cette sombre velléité n'est pas nouvelle chez cette organisation criminelle. Déjà en 2003, année où Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdel Wadoud, a pris les rênes du Gspc, l'Algérie constituait à cette époque une cible prioritaire de ce qu'on appelle Al Qaîda. Trois années plus tard, le Gspc, qui venait d'annoncer qu'il avait prêté allégeance à Al Qaîda inaugurait une phase sanglante dans un pays qui venait à peine d'entamer un retour progressif à la paix. Des attentats kamikaze, ont été programmés et exécutés et ont plongé l'Algérie durant trois ans dans une spirale de terreur et d'insécurité. N'était-ce l'engagement de l'Etat à combattre ce phénomène transnational, l'Algérie aurait pu sombrer de nouveau et devenir une base arrière de la nébuleuse. Dans ces documents et selon l'hebdomadaire Time, citant un responsable du renseignement américain sous couvert d'anonymat, Ben Laden dit: «Vous devez vous concentrer sur les Etats-Unis et l'Occident. Certains commandants d'Al-Qaîda apparaissaient plus intéressés à poursuivre des cibles régionales et se méfiaient sur les conséquences d'une opération qui entraînerait une réplique forte des Américains.» A priori, pour les lieutenants de Ben Laden, il est plus facile de s'attaquer à des pays très mal armés comme le Yémen et la Somalie, ou à des pays même bien armés, qui n'auront cependant, pas les moyens de frapper Al Qaîda là où elle sévit, comme l'Algérie. Maintenant, après la mort, de Ben Laden, ces mêmes lieutenants mettront-ils à exécution leur plan? Au Yémen, un pays ravagé par une crise politique sans précédent, la branche de la nébuleuse promet un bain de sang, par son présumé chef Nasir Al Wahisi, qui souligne dans un site islamique que «la braise du Jihad est encore plus flamboyante... Ce qui va suivre sera encore plus spectaculaire et plus épouvantable, ce qui vous attend sera plus intense». Tout en mettant en garde les USA, ce chef terroriste déclare «le meurtre d'Oussama Ben Laden n'a pas réglé le problème». Ce pays pourrait, selon Washington devenir la nouvelle base de la tête pensante d'Al Qaîda. Pour des sources sécuritaires, ce que viennent de dévoiler ces documents saisis par les Américains, ne constitue pas un fait nouveau en soulignant que «cela fait presque 20 ans que l'Algérie lutte contre le terrorisme, qu'il porte le nom du GIA, Gspc, ou Al Qaîda au Maghreb, l'ennemi est le même, nous n'avons pas une connaissance précise de ces documents, on ne les a pas encore consultés, mais même dans ce cas, les menaces de cette organisation ne nous surprennent pas». L'histoire retiendra que l'Algérie a été le premier pays à alerter le monde sur les risques d'un terrorisme transfrontalier. Par conséquent, les informations contenues dans les documents qui auraient appartenu à Ben Laden ne changent pratiquement rien dans la politique antiterroriste menée par l'Algérie depuis deux décennies.