Amor R. avait la chance d'être défendu par un certain Maître Lamouri qui a demandé à voir l'arme blanche... Le vol est en toute circonstance un délit fort puni. Il y a même des juges qui ont en horreur le délit de vol, les inculpés de vol et leurs receleurs. Alors, pour les juges, dès que l'occasion se présente, ils tapent fort, dur, très sec, et sans état d'âme. Makhloufi est cette présidente qui fait partie du lot des magistrats qui ne, peuvent mais alors pas du tout, souffrir de voir en face un voleur. Celui de ce mercredi a usé de violences. Et c'est le 266... De plus, l'inculpé a usé de procédés malvenus en pleins débats à l'audience. Il a juré. Et cette juge ne veut pas que l'on supplie, prie et évoque le nom de l'Eternel pour cacher le délit de vol. Catastrophe! Alors que reste-t-il? Regad, le représentant du ministère public va jouer son rôle de poursuivant face à Maître Lamouri surtout qu'il était fort de l'usage de la légitime défense étalée par une jeune fille victime qui a refusé de tendre son cou au couteau, si l'on peut écrire ainsi. Et rien que pour cela, Saloua Makhloufi a frappé fort, dur en questionnant et aura été sans piété pour l'inculpé qui n'a surtout pas avalé les coups de la fille. Evidemment, là où plaide Maître Lamouri de Dar El Beïda il y a du bruit, beaucoup de bruit. «Madame la présidente je me refuse, à mon âge avancé, de prétendre qu'il n'y a pas de justice. Si! nous avons une justice plus que nous avons un Etat de droit en marche vers le succès!», a claironné Maître Benouaddah Lamouri qui en voulait ce mercredi surtout après le parquet qui possède une solide réputation avec les Mourad Mellal, Naïma Amirat, Akila Bouacha, Zoubir Talbi et évidemment Abderrahim Regad, celui qui occupe ce jour le siège du ministère public. «Convenez avec moi, Mme. la présidente, que mon client que le certificat médical est flou et que l'arme blanche n'est pas ici sous nos yeux sur votre pupitre. C'est un peu trop comme couleuvre à avaler!», lancera plus tard l'avocat de Amaor R. qui sera derrière les affirmations de son défenseur lequel reviendra dix fois sur la parole de son client contre celle des policiers. «Mme la présidente, que ces messieurs viennent jusqu'ici nous montrer le poignard qu'ils disent avoir arraché de ses mains et nous en ferons cadeau au commissariat du coin», a ironisé le conseil qui a compris que la magistrate a bien suivi le raisonnement de la défense et qu'elle pouvait effacer le «266» aggravé et ne garder que le... «350»! Eh! oui, il est comme ça, ce Lamouri, il est peut-être collant mais jamais lassant. Et chaque juge du siège qui l'écoute, le comprend, tente de suivre ses bruyantes envolées. Comme tous les mercredis, Saloua Makhloufi, la juge de Bir Mourad Raïs de la cour d'Alger, entre dans la minuscule salle d'audience avec la ferme résolution de ne pas perdre de temps. C'est pourquoi, le premier inculpé-détenu s'avance vers le box la tête et les yeux baissés non pas parce qu'il a honte d'être avec ce statut mais parce qu'il avait l'intention de nier les inculpations. Oui, Amor R., vingt-deux ans, chômeur, un repris de justice notoire, plus que connu par les policiers de Bir Mourad Raïs, traîne deux graves inculpations: le vol et les coups et blessures volontaires à l'aide d'une arme blanche. Deux délits prévus et punis par les articles 350 et 266 du Code pénal. Oui le «266» issu de la loi n°06-23 du 20 décembre 2006 a prévu, outre les coups et blessures volontaires n'ayant pas occasionné une incapacité de travail de moins de quinze jours, le...port d'arme, ce qui vaudra au coupable une peine d'emprisonnement de deux à dix ans et une amende de deux cent mille à un million de dinars. Et ce Amor R. tout brun qu'il était et avec un casier pas blanc du tout, allait faire voir à la juge la vie en couleurs. Oui, depuis son apparition au box, il n' a eu de cesse de jurer qu'il n'avait pas d'arme sur lui. «Et pourtant lorsque vous aviez été neutralisé par les policiers, vous portiez un couteau et même pas un canif. C'est pour dire le nom exact de cette arme blanche» a commenté la présidente qui va aller très vite, malgré l'absence de la victime. Abderrahim Regad murmure, en sa qualité de représentant du ministère public, une peine de prison ferme de dix-huit mois, une peine qui sera reconduite sur le siège par Makhloufi qui voulait, par cette initiative, montrer aux présents qu'il ne faut jamais fréquenter ni le «350» ni le «266». C'est brûlant et ça prive de liberté. Une liberté qui demeure l'objectif de toute personne désireuse de s'imposer dans une société dominée par ce fâcheux concept qui veut que le dieu argent ait comme prophètes argent, gain facile, gain illicite et un enrichissement bâti sur du vent.