Afin de dénoncer la dégradation du cadre de vie, des citoyens occupent la rue dans les trois communes. Rien ne va plus à Béjaïa. Le cadre de vie s'est si dégradé qu'il provoque la colère pratiquement au quotidien. Le scénario vécu hier matin n'y est pas sans confirmer cette situation qui illustre à bien des égards le retard accumulé par la wilaya. Les responsables «ne font que parler», pour reprendre l'expression d'un manifestant rencontré hier au pont de Scala, à l'entrée Est de la ville de Béjaïa. Ce citoyen faisait partie des nombreux habitants du quartier Est «Zaouia», criant leur colère face aux nombreuses insuffisances qui minent leur quotidien. Cette action musclée, qui n'a pas été sans conséquences sur la circulation routière, n'est pas unique en ce genre hier à Béjaïa. C'est comme si les habitants des différents localités s'étaient donné le mot pour manifester. Trois actions de rue ont été menées simultanément dans les communes de Tichy, d'Adekar et celle du chef-lieu. Les habitants de «Zaouia», dans la zone de Sidi Ali El baher dans la commune de Béjaïa, ont bloqué la route nationale reliant le centre-ville de Béjaïa à l'aéroport et les wilayas de l'Est. Ces habitants protestent contre les sempiternels problèmes dans lesquels se débat depuis des années cette zone, qui constitue l'extension de la ville de Béjaïa. L'état des routes, l'alimentation en eau potable, le transport et les aménagements en général sont autant de points soulevés avant d'être débattus au cours d'une réunion qui a regroupé les représentants du village et les autorités communales et de daïra compétentes. Un accord a été vite trouvé et la route rendue aux usagers. Si le conflit de la commune de Béjaïa a été dénoué, ce n'est pas le cas pour les habitants de deux villages de la commune de Tichy, dont celui de Tassift. La fermeture du siège de la commune et le blocage de la route nationale 09 n'a pas fait fléchir les autorités. Pour les mêmes raisons, des habitants de Tichy sont descendus dans la rue, contraignant les automobilistes et autres usagers de la route à emprunter des détours pour rejoindre leurs destinations. A Adekar, les villageois récidivent pour la deuxième fois en une semaine. Tous les services publics ont été fermés: daïra, commune, services agricoles, pas la moindre activité hier à Adekar où les problèmes se sont accumulés pour se traduire en colère. «L'iniquité» en matière d'attribution de logements, l'abandon de bon nombre de villages en matière d'aménagement et de développement et bien d'autres problèmes ont été mis en avant par les manifestants. Ces derniers revendiquent aussi l'implantation d'un deuxième lycée et d'une école primaire au centre de la commune compte tenu des surcharges des classes longtemps décriées. Ces manifestations, qui s'ajoutent à celles qui défrayent la chronique locale au quotidien dénotent, plus clairement, l'immense retard qu'accuse la wilaya de Béjaïa en matière de développement. Un retard avoué même par le wali en personne lors de la dernière session de l'assemblée de wilaya, allant jusqu'à réunir son exécutif pour booster le développement, dont le ralentissement s'illustre à travers la faiblesse de la consommation des crédits qui dépasse à peine les 10%. Le parti de Moussa Touati emboîte le pas au premier responsable de la wilaya en brossant un tableau peu reluisant sur la situation dans la commune de Béjaïa en particulier au niveau des 51 autres communes de la wilaya dans une déclaration rendue publique. Le bureau de wilaya du FNA s'est appuyé sur les différentes actions menées par les populations à revendiquer un meilleur cadre de vie pour dresser ce constat qui constitue autant d'appels qui «n'ont pas été suivis d'effet puisque la situation ne cesse d'empirer depuis 2007», écrit-on. Tout en se refusant d'être un témoin passif d'une telle situation, le FNA appelle les autorités à «prendre les mesures les plus appropriées pour rattraper les retards qui frappent la wilaya...»