Cette comparution pose déjà de sérieux problèmes au processus de dialogue. La chambre d'accusation auditionnera lundi les ex-détenus des ârchs, Belaïd Abrika, Mouloud Chebheb, Yazid Kaci et Mohamed Nekkah, le parquet ayant renvoyé l'affaire devant la chambre d'accusation près la cour qui, à l'issue de cette audition, décidera de criminaliser l'affaire, de la renvoyer en correctionnelle ou de prononcer le non-lieu. Rappelons que les ex-détenus, actuellement en liberté provisoire, depuis le 3 mai dernier pour Mohamed Nekkah, le 18 mai pour Chebheb et le 10 juin pour Belaïd Abrika, sont accusés d'incitation à attroupement, d'outrage à corps constitué et pour Abrika de port de toge d'avocat. Rappelons également que Abrika, Yazid Kaci, Nekkah et Chebheb ont été arrêtés dans l'enceinte du tribunal de Tizi Ouzou le 13 octobre dernier. Cette arrestation un peu rocambolesque avait fait les titres de la presse. Cette comparution pose déjà de sérieux problèmes au processus de dialogue que le pouvoir envisage d'initier avec les ârchs. Ou les ex-détenus bénéficient d'un non-lieu et les choses risquent alors de s'arranger dans le sens positif ou la chambre d'accusation décide de renvoyer les ex-détenus devant une juridiction et les choses iront alors en se corçant. Ce qui, nécessairement, débrayera le train du dialogue avant même qu'il ne soit mis sur les rails. Aussi, la Cadc, qui doit se réunir le même jour, en conclave extraordinaire à Tizi Rached et devant adopter la position officielle de la wilaya de Tizi Ouzou, quant à l'invitation présidentielle sera «certainement» à l'écoute des décisions de la chambre d'accusation. La région, qui a souffert durant bientôt deux années et demie, n'éprouve plus qu'une hâte: celle de sortir de l'enfer où elle est plongée. La décision de la cour, ou plutôt de la chambre d'accusation, s'arc-boutera très certainement sur ce fait. Le sort économique, social et même politique de la Kabylie peut être à ce prix. Des observateurs vont même jusqu'à dire : «Aussi répréhensibles que soient les actions menées par les ârchs, vues du côté de l'instance judiciaire, les magistrats se devront de ne pas oublier deux choses, d'abord, les événements de Kabylie sont un tout. Ce sont des actions politiques, même si le mouvement des ârchs se dit transpartisan, donc la solution ne saurait être que politique.» Tout dépendra donc des juges qui auront à se prononcer ce lundi. Ils auront, certes, à juger selon la loi et selon «leurs convictions intimes», mais aussi faut-il leur susurrer que «la Kabylie vaut bien une messe» !