Il est peu probable, compte tenu du caractère politique de cette affaire, qu'une liberté provisoire soit accordée à Abrika et ses compagnons. Le procès de cinq délégués du mouvement citoyen au tribunal d'Azazga dont un détenu (Rachid Allouache), deux ex-détenus en liberté provisoire et un délégué qui était recherché lors de la première vague d'arrestations qui a débuté le 25 mars dernier qui, d'ailleurs, ne s'est pas présenté, hier, s'est enfin déroulé après plusieurs reports. Le sit-in des délégués élargi à la population, qui devait se tenir devant cette institution judiciaire n'a pas pu avoir lieu, car il était interdit, la place ayant été occupée par un important dispositif policier. Le collectif des avocats de la défense des détenus du mouvement citoyen était présent pour plaider l'innocence des quatre prévenus dont l'affaire, faut-il le noter, a été “décriminalisée” par le juge d'instruction il y a quelques semaines et renvoyée en correctionnelle avec le seul chef d'inculpation d'“incitation à attroupement”. Le procureur a tout de même requis, à l'issue de sa plaidoirie, six mois de prison ferme pour trois des prévenus avec cinq mille dinars d'amende, et la double sanction pour le quatrième, vu qu'il ne s'est pas présenté à la barre, c'est-à-dire douze mois de prison ferme et dix mille dinars d'amende. À la fin du procès, le président du tribunal a préféré renvoyer son verdict au 26 janvier prochain, date à laquelle devra comparaître, une autre fois, Rachid Allouache, pour répondre d'une plainte déposée par le secrétaire général de l'APC de Fréha, quelque temps avant son arrestation. Au tribunal de Tizi Ouzou, le procès de neuf prévenus, arrêtés lors de la marche populaire du 12 janvier dernier, prévu hier a été reporté pour aujourd'hui. Par ailleurs, l'appel déposé par le collectif des avocats il y a quelques jours a été étudié, hier, au niveau de la Chambre d'accusation à la Cour de justice de Tizi Ouzou, Mes Lila Hadj-Arab, Khaled Bourayou, Miloud Brahimi et maître Zaïdi ayant plaidé en faveur des détenus. Si l'appel a abouti pour Mohamed Nekkah, qui est en liberté provisoire depuis hier, ce n'est pas le cas pour Belaïd Abrika et Mouloud Chebheb, maintenus à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou, la demande de liberté provisoire a donc encore une fois été rejetée. Les détenus sont accusés d'atteinte à l'ordre public, d'outrage à agent de l'ordre et du port de robe d'avocat. Le collectif de la défense a notamment insisté sur le procédé illégal consistant à utiliser dans l'enceinte du tribunal par des agents non identifiés des caméras filmant les conditions de l'interpellation de Belaïd Abrika. Ce procédé, au-delà du fait qu'il ne constitue aucunement une preuve et une pièce à conviction en porte, du point de vue de la loi, l'annulation de toute la procédure. Le collectif a eu également à souligner par les faits reprochés à Abrika et ses compagnons ne sont pas constitutifs des infractions qui leur sont reprochés mais ils constituent beaucoup plus une affaire politique visant à étouffer par la voie judiciaire un mouvement citoyen pacifique et intégrant son action dans le cadre républicain. Des sources proches du collectif des avocats, on estime qu'il est peu probable, compte tenu du caractère politique de cette affaire, qu'une liberté provisoire soit accordée à Belaïd Abrika et à ses compagnons. Mardi et mercredi, ce sera deux procédures d'instruction qui vont se poursuivre au niveau du tribunal de Tizi Ouzou, durant lesquelles Abrika et ses compagnons seront auditionnés par le juge instructeur. Deux meetings de délégués élargis à la population sont d'ores et déjà prévus par la CADC de Tizi Ouzou. Notons enfin que l'association Azar d'Annemasse (France) a remis à la présidence tournante de la CADC de Tizi Ouzou une somme de 87 500 dinars collectée en France pour les détenus à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou. K. S. AZAZGA Des peines de six mois à un an de prison requises Le procès de quatre délégués de la CADC a eu lieu, hier, au tribunal de Azazga. Le représentant du ministère public a requis six mois de prison ferme et cinq mille dinars d'amende à l'encontre de trois d'entre eux. Pour le quatrième accusé, en l'occurrence Ameur Mouloud, le procureur de la République a requis le double de cette peine en raison de son absence à l'audience au cours de laquelle ses compagnons, Salah Hacene, Allouache Rachid et Belaïdi Kader ont comparu pour le même chef d'accusation, à savoir “incitation à attroupements”. Le verdict sera connu le 26 janvier prochain. Par ailleurs, le procès concernant “outrage” au secrétaire général de l'APC de Fréha, au cours duquel devait également comparaître, hier, Rachid Allouache, a été, lui aussi, reporté à la même date pour absence du plaignant à l'audience. Il est à préciser qu'à l'exception de l'accusé précité, les trois autres sont tous en liberté.