Les habitants du Chemin-des-forts à Beau-Fraisier ont fermé, durant la matinée d'hier, la route reliant Bab El-Oued à Chevalley. Les opérations de relogement constituent un événement heureux pour certaines familles qui se voient libérées de leurs baraquements et constructions de fortune pour s'offrir enfin un logement décent. Par contre, d'autres familles sortent dans la rue pour crier leur colère et leur ras-le bol en constatant que leurs misère se prolonge, faute de ne pas figurer dans les listes des bénéficiaires de logements. Ainsi, les habitants du Chemin des forts à Beau-Fraisier ont fermé durant la matinée d'hier, la route reliant Bab El-Oued à Chevalley à l'aide de pierres, tronc d'arbres et de pneus brûlés. Des groupes d'adolescents encadrés par quelques adultes ont provoqué de violents affrontements avec les forces antiémeute au niveau du carrefour Triolet. Pourtant les habitants des Chemin des forts ne sont même pas concernés par l'opération de relogement, ont-ils témoigné. Les émeutiers, armés de barres de fer et de prières dénoncent le silence des autorités à l'égard de leurs doléances et demandent à ce qu'ils soient tout simplement relogés et le plus tôt possible. «Si les autorités maintiennent encore la sourde oreille face à nos revendications, cela pourrait conduire à l'irréparable. Nous ne comptons pas nous taire cette fois-ci. Nous allons nous battre pour arracher un logement. C'est un droit», a pesté un émeutier. «Pourquoi certaines personnes ont bénéficié de logement alors que des familles nombreuses souffrent le martyre dans le silence? Nous aussi, nous avons le droit de vivre sous un toit décent», disent-ils. Un habitant de Beau-Fraisier déclare: «Si on ne nous reloge pas dans l'immédiat, on ne va pas arrêter nos actions de protestation. Ce sera le même décor tous les matins, et ce, jusqu'à la satisfaction de nos doléances.» Après un violent affrontement avec la police antiémeute, ils se replient le temps d'une pause tout en contrôlant le mouvement des usagers de la route menant de Bab El-Oued à Chevalley. Les résidents vivent des situations cauchemardesques. Des amas de parpaings des tas de ferraille et de la tôle rassemblés en forme cubique en guise de maison, abritent de nombreuses familles. Eparpillés, perchés sur les flancs de la colline du Beau-Fraisier, les bidonvilles sont dénués de toute conditions de vie humaine. Comment se fait-il que dans la capitale, il exisste de pareilles anomalies? Les émeutiers sont formels: «Nous n'allons pas abdiquer et nous allons protester jusqu'au bout pour être logés dignement.»