Des émeutes ont éclaté dans l'après-midi d'hier à Diar Echams (Alger), à quelques encablures du site bidonville Aloui. Les émeutiers ont protesté après que sept familles aient été jetées par les autorités à la rue. Un bulldozer s'est mis à l'œuvre pour raser leurs habitations de fortune. «L'humiliation de plus» ont crié hier les jeunes du quartier et des cités voisines venus soutenir les «victimes» et défendre ainsi leur cause. «Jeter des femmes et des enfants dans la rue au moment où d'autres personnes bénéficient de logement, cela est inacceptable et nous allons continuer encore notre revendication», crie un jeune entouré d'émeutiers surexcités. Le chemin dit Ravin de la femme sauvage a été fermé à la circulation pendant une bonne partie de la journée avant que les services de la police antiémeute arrivent et font disperser les jeunes. Ils ont brûlé des pneus et détruit un abribus, des jets de pierres ont aussi contraint les automobilistes à changer d'itinéraire et à faire demi-tour par crainte d'accident ou de blessures qui peuvent survenir à n'importe quel moment. Les habitants de la cité ont saisi l'occasion aussi pour exprimer au grand jour la situation précaire dans laquelle ils vivent. «Il est vrai que certains de nos voisins ont bénéficié d'un logement décent et les autorités locales et la wilaya d'Alger nous ont promis que notre tour arrivera avant la fin de l'année. Mais voilà qu'ils relogent les habitants de bidonvilles avant nous», a tonné le jeune Samir. Ce qui a visiblement «chauffé» également les jeunes du quartier de Diar Echams se sont les déclarations du wali délégué de Sidi M'hamed qui avait déclaré dans la matinée d'hier qu'«il reste le quartier de Oued Kniss et celui d'El Afia que nous allons reloger avant la fin de l'année en cours». Ils se sentent exclus. La réplique des habitants du quartier de Diar Echams s'est faite alors par les jets de pierres et la fermeture de la route menant à Bir Mourad Raïs. «L'exclusion enfante la colère et cela veut dire aussi que nous ne figurons pas dans ce programme», s'est interrogé Nacer, habitant un F2 depuis 1983 avec une famille de huit personnes. Et d'enchaîner : «Une fois de plus, nous crions notre ras-le-bol. J'ai trois malades à la maison à cause des conditions inhumaines dans lesquelles nous vivons. Nous n'allons pas nous taire, les pouvoirs publics doivent tenir leurs promesses, sinon nous continuons notre revendication avec tous les moyens.» Les éléments de la police antiémeute ont obtempéré et ont évité de répondre aux provocations pour ne pas ajouter de l'huile au feu. Ce qui est par contre certain, c'est que les habitants vont manifester leur colère par les pierres, étant donné l'absence jusqu'à présent de prise en charge de ce problème récurrent.