Les flux commerciaux entre l4Afrique et la Chine ont atteint 93 milliards de dollars en 2009, soit huit fois plus qu'il y a dix ans, ont indiqué mardi à Paris des économistes de la Banque africaine de développement (BAD). Présentant un nouvel ouvrage « La Chine et l'Afrique, un nouveau partenariat pour le développement? », l'économiste en chef et vice-président de la BAD, Mthuli Ncube, a affirmé que le commerce entre l'Afrique et la Chine est « considérable », relevant cependant que les exportations africaines ne proviennent principalement que de quatre pays les plus riches en ressources naturelles et le pétrole représente les trois-quarts des exportations. Il a aussi noté, lors d'une conférence de presse, que six pays du continent importent les deux tiers des importations totales pour l'Afrique, signalant que la plus grande partie du commerce et des investissements de la Chine est liée aux industries extractives et aux infrastructures. Selon l'expert de la BAD, l'objectif essentiel à travers ce partenariat avec la Chine est de transformer les capacités de ce pays en moyens pour réduire la pauvreté dans le continent noir. Il a observé, dans ce contexte, que l'Afrique souffre de plusieurs déficits, notamment en matière d'infrastructures, un déficit évalué à 45 billions de dollars. Selon le vice-président de la BAD, la présence « grandissante » de la Chine en Afrique s'explique par la « puissance économique et politique croissante de ce pays sur la scène mondiale, ainsi que par l'intérêt que porte la Chine au secteur des ressources naturelles de certains pays d'Afrique dans le but d'alimenter son expansion économique ». « D'un côté, la Chine a besoin des ressources naturelles, de l'autre elle joue un rôle de fournisseur important de financements et de savoir-faire nécessaires au développement du continent », a-t-il opiné. Pour l'économiste de la BAD et un des auteurs du livre, Richard Schiere, le rôle croissant de la Chine ne doit pas masquer l'importance des partenaires au développement traditionnels de l'Afrique qui continuent d'apporter, selon lui, « la majeure partie de l'aide publique au développement, les commerces et des investissements ». « Contrairement à certains clichés, la présence de la Chine en Afrique n'a nullement pour but de remplacer les autres partenaires traditionnels de ce continent, mais vient en complémentarité à ces derniers », a-t-il indiqué, relevant que, lors d'une récente visite en Chine, il a « constaté un flux de commerçants africains qui y viennent pour le négoce ». « Pour la BAD, il y a complémentarité entre les bailleurs de fonds traditionnels et les partenaires émergents comme la Chine. La BAD souhaite tirer parti des ressources et du savoir-faire chinois en termes de développement au profit des économies africaines », a expliqué M.Schiere. Le livre est présenté par ses initiateurs comme l'aboutissement de travaux menés dans le cadre du projet « La Chine en Afrique » de la BAD. Il rassemble les contributions de spécialistes des relations sino-africaines, notamment en matière économique.