L'affluence des familles sur ce site touristique n'a pas encore repris ses droits. Depuis la mort le 9 septembre dernier d'un jeune de la cité, la Madrague vit sous tension. A El Djamila, ex-La Madrague à Aïn Benian à (Alger), la vie ne semble pas vouloir céder face au désarroi. Dix jours après la mort d'un jeune du quartier, tué par des ivrognes (le 9 septembre 2011) et les troubles qui s'en sont suivis, la cité commence à réapprendre à vivre. La tension a baissé mais la prudence est de mise. Le calme qui y est revenu n'est que précaire. Et l'affluence des familles sur ce site touristique ne reprend pas encore ses droits, par crainte de représailles. Hier, le lieu était déserté et le décor était loin d'être celui d'il y a quinze jours. En tout état de cause, les dépôts de boissons alcoolisées dont les gens du quartier demandent la fermeture, ont en grande partie rouvert, après quelques jours de fermeture forcée. Les barz-restaurants, cafétérias et autres négoces continuent d'exercer en toute quiétude. La présence policière est toujours importante sur le site pour parer à toute éventualité et les habitants sont encore déterminés à faire aboutir leurs doléances consistant en la fermeture des dépôts de boissons en question. Il y a trois jours, les jeunes du quartier ont tenté de fermer les dépôts mais la police est intervenue pour rétablir l'ordre. Rien à voir avec la religion Depuis la mort de cet homme de 27 ans, les jeunes de la cité se sont révoltés, demandant la fermeture de ces dépôts, source, à leurs yeux de tous les déboires qu'El Djamila connaît, y compris les homicides, volontaires ou involontaires. Mais contrairement à certaines idées reçues, cette demande n'a absolument rien à voir avec la religion. Vraiment? «Jamais, jamais, jamais cela a quelque chose à voir avec la religion. On demande la fermeture de ces lieux pour assurer notre sécurité et notre quiétude», nous a déclaré, hier, un membre de l'Association de sauvegarde de La Madrague. Notre interlocuteur n'y va pas avec le dos de la cuillère pour signifier que les jeunes qui demandent la fermeture de ces dépôts sont tous des habitants du quartier, dénonçant au passage les comportements des responsables de ces lieux de vente de boissons alcoolisées. Selon lui, ces dépôts vendent de la bière et du vin frais, ce qui est interdit, à ses yeux. Ainsi, explique-t-il, les gens qui s'approvisionnent en boissons alcoolisées dans ces dépôts, au lieu de rentrer chez eux, les consomment sur place ou dans la périphérie immédiate. Et une fois saouls, bonjour les dégâts. Autre preuve que cette demande n'a rien à voir avec la religion? Le membre de l'association en veut pour preuve que les bars-restaurants qui servent de l'alcool d'une manière «civilisée» ne sont pas concernés par la demande de fermeture car, explique-t-il, «ils ne dérangent personne». Bien au contraire, ce membre du mouvement associatif plaide pour rendre plus attractif ce site touristique. D'ailleurs, notre interlocuteur déplore la transformation du port de pêche, construit à coups de milliards, en parking payant. Notre interlocuteur s'en prend également aux autorités qui ne veulent pas intervenir pour arrêter «la dislocation des valeurs morales des gens» et qui laissent faire. «On continue d'exercer la pression sur eux jusqu'à la fermeture de ces lieux», a-t-il soutenu. Les propriétaires de dépôts ont, eux aussi, leurs raisons En effet, ces derniers ne propriétaires de l'entendent pas de cette oreille et ne comptent pas baisser les bras. «On travaille réglementairement et dans le respect total de la loi. De quel droit va-t-on nous fermer nos locaux?», s'interroge le responsable d'un dépôt, rencontré sur place. Notre interlocuteur a ajouté que le wali d'Alger et la police leur ont demandé d'exercer normalement, du moment que leur travail est réglementé et que les propriétaires ont des registres du commerce en bonne et due forme. Rappelant que les jeunes du quartier ont tenté, il y a trois jours, de leur fermer les locaux, précisant que l'intervention de la police a permis d'éviter tout débordement, ce responsable a souligné que les dépôts ont le droit de rester ouverts jusqu'à 22 heures. Notre interlocuteur estime qu'au rythme où vont les choses, «on demande la sécurité pour nous-mêmes avant de la demander aux habitants, car en nous sécurisant, les habitants seront automatiquement sécurisés». Et la police dans tout ça? Rencontré au niveau du port de pêche, un policier a souligné que la situation est actuellement maîtrisable. Il faut dire que les agents de police sont présents en force au niveau de La Madrague depuis les incidents survenus suite à la mort d'un jeune du quartier. «On est là pour assurer la sécurité. Les dépôts sont ouverts et ils travaillent normalement. Ils ont des registres du commerce et donc on n'a pas le droit de les arrêter», nous a-t-il déclaré.