Les deux auteurs présumés du crime perpétré sur la personne d'un jeune originaire de la localité ont été arrêtés par les services de sécurité, a-t-on appris hier soir. La paisible localité touristique d'El-Djamila (ex-La Madrague) a été le théâtre de scènes de terreur dans la soirée de samedi alors que ce site balnéaire grouillait de monde. Selon des témoignages recueillis, hier, sur place, tout a commencé vendredi soir quand un jeune, originaire de la cité, a eu une altercation verbale avec deux autres citoyens venus d'un quartier limitrophe d'Aïn Benian. L'escalade verbale passée, les deux individus quittent les lieux et reviennent avec des armes blanches. C'est alors qu'ils s'en prennent à leur proie, lui assénant plusieurs coups de couteau. Devant cette terrible scène, la victime tente de prendre la fuite, mais elle avait perdu beaucoup de sang. Transportée à l'hôpital, elle succombera à ses blessures. La nouvelle qui a fait le tour d'Aïn Benian, mais surtout de La Madrague, a choqué plus d'un. Le lendemain, alors qu'aucun signe de représailles n'a eu lieu et au moment où tout le monde croyait que l'affaire était entre les mains de la police qui recherchait les présumés meurtriers, une dizaine d'individus ont organisé une descente punitive dans l'enceinte même du site touristique pour se faire justice. C'est alors qu'une dizaine d'établissements de restauration ont été visités par ces habitants, dont certains étaient munis de barres de fer et autres armes blanches prohibées. De la légendaire placette de La Madrague jusqu'à la sortie sud du site, tout est passé au peigne fin par ces individus qui se sont attaqués aux clients. Argent, téléphones mobiles, or, lunettes et autres objets de valeur, tout est subtilisé par la force et sous la menace de ces jeunes en furie. Une panique générale s'en est suivie pour toucher certains restaurants où étaient attablés des familles et des visiteurs. Il y avait même des étrangers, nous raconte un citoyen qui appuie cette version par des faits relatés par ses copains. “Heureusement que les clients sont restés sages et n'ont pas affiché une quelconque résistance. Ça aurait été pire !”, nous dit-il. Terrifiés, des dizaines de clients ont fui les lieux alors que d'autres, bloqués par des barricades et la fumée, n'avaient d'autre choix que de rester à l'intérieur des locaux en attendant l'accalmie. Mais ce n'était pas encore fini ! La terreur durera encore longtemps puisque, après avoir bloqué l'accès aux services de sécurité qui s'apprêtaient à intervenir, c'est au tour d'une vingtaine d'automobilistes de subir la frayeur. Ceux qui n'avaient pas abdiqué ont vu les vitres, les pare-brise, les lunettes arrière, les phares et les rétroviseurs de leurs voitures cassés et arrachés avec une rare violence. “Ils étaient là, devant ce restaurant (situé sur la placette principale de La Madrague, ndlr). Ils ont foncé à l'intérieur comme s'ils étaient venus pour se venger. Mais quand j'ai vu leur manière d'aborder les clients, j'ai pris la fuite”, témoigne un citoyen originaire de ladite localité. Hier, vers 14 heures, à notre arrivée sur les lieux, La Madrague était vide. Tous les commerçants ont baissé rideau. Tous les restaurants ont fermé. Postés sur la principale avenue qui mène au port de plaisance, des jeunes dévisageaient les rares passants et autres automobilistes. Ils étaient curieux de tout savoir, notamment s'il y avait parmi les visiteurs, ceux qui venaient aux bars et aux restaurants. Ville morte, La Madrague a vécu une nuit de terreur alors que les services de sécurité ont réussi à identifier et à arrêter les présumés auteurs du crime. En revanche, au centre-ville de Aïn Benian, les gens vaquaient à leurs occupations et tous les commerces étaient ouverts. Y compris les commerçants informels qui occupent avec leurs étals les trottoirs de cette ville d'un littoral qui se meurt. Ce qui vient de se passer à Aïn Benian remet au goût du jour la sécurité des établissements touristiques et des lieux de plaisance. D'ailleurs, fort heureusement, il n'y avait pas de familles comme à l'accoutumée sur le port de plaisance. Car, c'était la veille de la rentrée scolaire. Sinon, le scénario aurait pu être fatal…