Donc Obama menace d'user du veto contre un Etat de Palestine. Cela n'impressionne pas outre mesure, Mahmoud Abbas qui ne désespère pas d'obtenir l'admission de la Palestine à l'ONU. Il a d'ailleurs réussi à avoir l'appui de plusieurs nations en Afrique, en Asie et aux Amériques pour le soutenir dans cette démarche. Il est temps que l'ONU, qui a décidé du partage de la Palestine en deux Etats, il y a exactement 64 ans, arrive, enfin, à concrétiser une attente qui dure depuis des décennies: l'érection d'un Etat de Palestine doté de tous les attributs de la souveraineté. Washington compte surtout sur le Conseil de sécurité où il dispose du droit de veto (notons ce fait ahurissant, les Etats-Unis ont usé à 39 reprises du veto pour stopper soit une résolution condamnant Israël, soit pour bloquer celle qui ne lui est pas favorable) pour faire avorter l'initiative palestinienne. Pour ce faire, la Maison-Blanche exerce une énorme pression sur les dix pays non permanents pour les inciter à voter contre ou à la limite, de s'abstenir. Cela parce que à l'Assemblée générale, les Etats-Unis n'ont qu'une voix, à l'instar de chacun des 192 autres membres de l'ONU. C'est sur cette Assemblée générale que comptent les Palestiniens pour balayer cette obstruction monstrueuse et démontrer que les arguments de l'Administration Obama pour bloquer l'admission d'un Etat de Palestine ne tiennent pas la route. Quels sont les préalables de cette même Administration pour lever son veto? que les Palestiniens reprennent les négociations directes avec Israël. Sauf que des amalgames outrageux entourent cette hypocrisie. Les négociations ne sont-elles pas gelées à cause de la poursuite de la politique de colonisation, condamnée par les Nations unies et déplorée par les Etats-Unis eux-mêmes? C'est cette même démarche qui est en train de retracer les frontières des deux pays réduisant les territoires dévolus aux Palestiniens à une peau de chagrin. Les Premiers ministres successifs de l'Etat hébreu ont tout fait pour humilier les Palestiniens dans le but évident de tenter de leur endosser la responsabilité de la rupture des négociations. La requête palestinienne, qui sera remise demain au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, par le président palestinien Mahmoud Abbas, est tout à fait légitime. Abbas veut d'abord obtenir un vote du Conseil de sécurité avant d'envisager d'autres options. Une majorité de neuf voix au Conseil de sécurité de l'ONU est nécessaire pour que la demande soit validée. Abbas a déjà entrepris de convaincre le président français Nicolas Sarkozy et le chef de la diplomatie britannique William Hague, dont les deux pays sont membres permanents du Conseil de sécurité. La Chine et la Russie ont déjà annoncé qu'elles soutiennent le projet palestinien. Le président vénézuélien Hugo Chavez explique bien l'opportunité d'adhérer à cette demande. Ce serait un acte de justice historique à l'égard d'un peuple qui subit depuis des temps immémoriaux toute la douleur et la souffrance du monde. Cette semaine, un grand nombre de pays se sont bousculés au portillon pour reconnaître le CNT libyen. Il y aura du mal à justifier plus longtemps la politique du deux poids, deux mesures. L'ONU n'a pas besoin de nouveaux motifs pour être discréditée davantage, elle qui patine déjà lorsqu'il s'agit d'imposer le référendum d'autodétermination au Sahara occidental. Conscient de ces conséquences, le secrétaire général de l'ONU semble pressé de vouloir en finir avec plus d'un demi-siècle d'injustice. Il a appelé hier à mettre fin à l'impasse au Proche-Orient. Sera-t-il entendu?