Poutine-Medvedev «bonnet blanc et blanc bonnet?» L'homme fort de la Russie et Premier ministre, Vladimir Poutine, a amorcé hier son retour au Kremlin, le président Dmitri Medvedev s'effaçant devant son mentor pour lui laisser la candidature à la présidentielle de mars 2012. Devant quelque 11.000 militants du parti au pouvoir Russie unie, réunis à Moscou, Dmitri Medvedev a proposé à l'ex-président (2000-2008) de reprendre sa place au Kremlin, que M.Poutine avait dû abandonner faute de pouvoir se présenter pour un troisième mandat consécutif. «Je pense qu'il serait bon que le congrès soutienne la candidature du chef du parti, Vladimir Poutine, au poste de président du pays», a déclaré M.Medvedev, sous un tonnerre d'applaudissements. «C'est un grand honneur pour moi», a réagi Vladimir Poutine. L'actuel président russe sera, lui, tête de liste du parti pour les législatives de décembre et devrait devenir Premier ministre après la présidentielle du printemps 2012, a annoncé M..Poutine. «Je suis sûr que Russie unie va gagner (les législatives) et que, sur la base de ce soutien populaire, Dmitri Anatolevitch (Medvedev) pourra créer une équipe nouvelle, jeune, efficace et énergique et diriger le gouvernement de la Russie», a souligné M.Poutine. «Je suis prêt à diriger ce gouvernement et travailler pour le bien du pays», a répondu Dmitri Medvedev. Une réforme constitutionnelle adoptée en 2008 a prolongé la durée du mandat présidentiel de quatre à six ans à partir de 2012. Théoriquement, M.Poutine, 58 ans, pourra donc se représenter en 2018 et rester au pouvoir jusqu'en 2024. Russie unie, qui contrôle d'ores et déjà plus des deux tiers de la Douma, a ensuite validé sa liste de candidats aux législatives par 528 pour et 1 contre. «Elle où est cette personne? Qui est ce dissident?», a plaisanté alors M.Poutine. Dmitri Medvedev, qui avait tout de même la mine un peu crispée, a déclaré que la décision de laisser son mentor revenir au Kremlin était «mûrement réfléchie». Tout juste avant l'annonce de sa candidature, Vladimir Poutine avait souligné que le président russe et lui étaient depuis «plusieurs années» d'accord quant à la répartition des rôles après les élections de 2011 et 2012. «Dmitri Anatolevitch Medvedev et moi pensons que la question de «qui fait quoi à quel poste» est loin d'être la chose la plus importante», a néanmoins déclaré l'homme fort de la Russie. Tous les deux ont tenté ces derniers mois d'entretenir le suspense sur le nom du candidat à la présidentielle. La majorité des observateurs soulignaient cependant que la décision finale reviendrait à Vladimir Poutine qui, malgré son départ du Kremlin, est toujours le dirigeant le plus populaire du pays. Dmitri Medvedev, un juriste de 46 ans, avait, lui, laissé entendre à plusieurs reprises qu'il ne se représenterait pas si celui à qui il doit toute sa carrière politique décidait d'être candidat. En près de quatre ans à la présidence, il ne s'est jamais opposé à Vladimir Poutine, démentant systématiquement les rumeurs sur l'existence de tensions au sein du tandem. Les opposants libéraux ont pour leur part dénoncé le retour annoncé au Kremlin de M.Poutine. «C'est un scénario catastrophique pour la Russie», a jugé à l'antenne de la radio indépendante Echo de Moscou, Boris Nemtsov, un ex-vice Premier ministre de Boris Eltsine, dont le parti d'opposition Parnas s'est vu refusé l'enregistrement par les autorités russes. Guennadi Ziouganov, le chef du parti communiste, seul mouvement d'opposition à siéger au Parlement, a tenté de minimiser l'importance de l'annonce de la candidature de Vladimir Poutine. «Il n'y a rien de nouveau ici pour nous, cet accord (entre Poutine et Medvedev) existait avant, ils ont juste décidé de l'officialiser», a-t-il déclaré, selon l'agence Itar-Tass. Nommé Premier ministre en août 1999, M.Poutine dirige de facto la Russie depuis 2000 et la démission du premier président russe, Boris Eltsine, miné par la maladie et l'alcool. Homme à poigne, il est accusé par ses détracteurs d'avoir mis en place un système politique sur mesure, s'attaquant à la liberté de la presse et réduisant l'opposition à un rôle insignifiant. Il est aussi très critiqué en raison de la sanglante seconde guerre de Tchétchénie, déclenchée en octobre 1999 à la suite d'une vague d'attentats.