La nébuleuse usera de l'argent des rançons pour renforcer son arsenal jusqu'à l'acquisition des missiles sol-air à la faveur de la crise libyenne. L'attaque terroriste aux lance-roquettes contre l'aéroport de Ferhat Abbas de Jijel, qui a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, vient de confirmer une nouvelle fois toutes les craintes exprimées par l'Algérie en rapport direct avec la crise libyenne. Dès le début de cette crise, l'Algérie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a attiré l'attention sur le danger des armes qui circulent dans la région et le risque que ces mêmes armes tombent entre les mains des terroristes. Si l'attaque contre l'aéroport de Jijel n'a pas fait beaucoup de dégâts, il est à craindre que d'autres pays soient la cible de pareilles actions. Les responsables militaires américains ont, eux aussi, confirmé que des armes lourdes sont entre les mains des terroristes. Aussi, l'éventualité que des avions civils internationaux traversant cette région en soient la cible, n'est pas exclue. L'attaque de Jijel est donc un incident d'une réelle gravité et une alerte à ceux qui doutent encore qu'Al Qaîda ne s'est pas dotée en armes lourdes à la faveur de la crise libyenne. Les multiples mises en garde de l'Algérie à l'intention de l'opinion internationale concernant les graves retombées sécuritaires de l'intervention militaire étrangère en territoire libyen, ont été «parasitées» par de puissants canaux médiatiques internationaux favorables à la prise du pouvoir à Tripoli, soumettant ainsi les forces de sécurité algériennes à une forte pression. Comptant sur leur expérience acquise dans la douleur certes, mais incontestable, l'armée a pu se redéployer en conséquence. Dans leurs nombreux rapports, les services de sécurité algeriens n'ont cessé d'adapter le dispositif d'alerte à la nouvelle donne. Ils redouteraient un retour prévisible aux actes terroristes et même aux attentats kamikazes. Il ont de ce fait mis l'accent sur les grandes quantités d'armes, de munitions et d'explosifs, puisées des casernes militaires libyennes et transférées par le biais de différents réseaux aux groupuscules djihadistes. La nébuleuse, usera de l'argent des rançons pour renforcer son arsenal jusqu'à acquérir des missiles sol-air. Le département d'Etat américain, au même titre que le général Carter Ham, haut commandant d'Africom, ne manqueront pas d'avertir à leur tour sur l'usage par les terroristes de ces armes redoutables, prévenant sur d'éventuelles attaques contre des bases pétrolières au Sud. Des informations au niveau des services de sécurité font état que des contacts ont été établis entre un certain Abdel Karim Al Libi et les chefs terroristes en Algérie ceci dans le but, selon les mêmes services de donner consistance à une jonction entre plusieurs phalanges terroristes devant agir sous la coupe d'un seul chef. Et c'est vers cet objectif que lorgne le tristement célèbre Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdel Wadoud. Ce dernier a même tenté de rejoindre le Sud à trois reprises mais sans y parvenir. Il procèdera, néanmoins, à la désignation d'un nouvel émir, Alkama, pour remplacer Abou Zeïd. Le nouvel émir du Sud est à la tête de plusieurs phalanges terroristes, précisent nos sources. Les changements toucheront également le réseau de l'Est où sévissent des dizaines de terroristes agissant sous la coupe d'un certain Abou Mohamed, qui remplacera Ammar Lamloum, alias Abou Zakaria. Ce dernier s'est rendu aux forces de sécurité, il y a plusieurs mois, dans le cadre de la réconciliation nationale. Le nouvel émir de l'Est, n'est autre que le planificateur de l'attaque contre l'aéroport Ferhat-Abbas de Jijel. Il mobilise ses sbires dans les régions de Béjaïa, Skikda et Jijel. Dans cette dernière wilaya, deux attentats ont eu lieu en mai dernier en l'espace d'une semaine. Le premier secoua la localité d'El Kennar et occasionna le décès de cinq militaires, le second à Ziama Mansouriah, plus exactement à Tiararane où sept soldats de l'ANP trouveront la mort. Le récent attentat, estiment des sources fiables, constitue un test grandeur nature du degré de vigilance des forces armées. D'autant qu'il a été exécuté au niveau d'une zone qui offre aux terroristes des alternatives de repli plus que tout autre région.