Un dialogue de sourds Une invitation au dialogue est adressée au syndicat pour octobre prochain. Le département d'Ould Abbès s'est déclaré hier, à travers son communiqué parvenu à notre rédaction, «étonné des déclarations rapportées par les médias concernant la conférence de presse animée avant-hier par le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique(Snpsp)». Le syndicat avait fait état de «mutisme et de la fermeture des portes du dialogue par le ministère de la Santé». Ce dernier «s'inscrit en faux contre ces affirmations mensongères, dénuées de tout fondement et procédant d'une mauvaise foi manifeste dans la mesure où ce syndicat, a été rendu destinataire, en date du 15 septembre 2011, d'un courrier officiel du secrétaire général du ministère relatif au dialogue social et à la mise en place d'un calendrier de rencontres à compter du 6 octobre», peut-on lire dans le même document. «Ces déclarations ne semblent pas obéir à des considérations strictement professionnelles», est-il également relevé. Par ailleurs, le courrier en question dont une copie a été jointe au communiqué, a apporté à la connaissance du syndicat, l'installation d'un comité ad hoc ministériel, chargé des relations avec le syndicat. Ce comité est censé engager le dialogue et la concertation, dont la première rencontre devrait se tenir le 6 octobre prochain, avec les syndicats et éventuellement examiner les plats-eformes de revendications qui lui sont soumises. En fait, jusqu'ici les syndicats de la santé ont toujours estimé que «le ministère de tutelle n'a accepté de dialoguer qu'avec lui- même». Lors d'une conférence de presse animée avant-hier, à Alger, par le président du syndicat, le Dr Lyès Merabet, celui-ci a dénoncé ce qu'il considère comme des chiffres erronés du ministre et ses engagements non tenus. Ajouté à cela, le mutisme du département de la santé face aux demandes d'audience du Snpsp. Le conférencier a réitéré les revendications de son organisation, notamment celles relatives à l'amendement du statut particulier et du régime indemnitaire. Concernant le premier point, le Dr Merabet n'a pas manqué de fustiger le ministre de la Santé, lui reprochant d'avoir failli à ses engagements. «Le ministre s'est engagé à prendre en charge les amendements que nous avons proposés mais jusqu'à aujourd'hui, on ne sait pas ce qu'il en est advenu et on attend toujours», a-t-il dit, précisant que le statut particulier est au niveau de la Fonction publique. Le conférencier a dénoncé, en outre, la fermeture des portes du dialogue par le ministère, affirmant que le syndicat n'a pas été reçu par le ministère depuis le 19 mai dernier. «Nous avons saisi le ministère pour une audience le mois de juin, puis le mois de juillet, mais aucune suite n'a été donnée à ces demandes», dénonce-t-il. Pour ce qui est du régime indemnitaire, le conférencier a souligné que les chiffres avancés par le ministre de la Santé sont erronés, soulignant que le salaire d'un médecin débutant est de 46.000 dinars et celui du dentiste est de 36.000 dinars. Le président du Snpsp a fait savoir, dans ce contexte, que la question des rappels n'est pas encore réglée. Selon lui, aucun praticien n'a eu un rappel de plus de 120 millions de centimes, qui devait être touché en deux tranches: la première en 2011 et la seconde en 2012. Il affirmera qu'à Alger, la question n'est réglée qu'à 10% dans les établissements hospitaliers publics. «Au niveau national, c'est catastrophique et il n'y a même pas l'uniformité dans son application», a-t-il relevé. Le conférencier a réitéré également la revendication de son syndicat de l'application automatique de la promotion après 10 ans d'exercice, ainsi que la création du 3e grade pour les praticiens de plus de 15 ans d'ancienneté. Le Dr Merabet répond que son organisation syndicale agira sur deux volets. Le premier consiste à relancer le ministère pour s'asseoir à la table de négociations. Faute de quoi, le spectre de la protestation se profilerait, surtout que, affirme le conférencier, «le secteur est dans une situation d'accalmie» après des mouvements de protestation cycliques depuis 2009. Par ailleurs, le Dr Merabet a plaidé pour une réforme dans le fond du système de la santé. Il affirmera que son syndicat ne cautionne pas la loi sur la santé élaborée par la tutelle, estimant qu'il y a d'autres méthodes à suivre que celle du ministère. Cette réforme est d'autant plus nécessaire que le secteur de la santé est cycliquement traversé par des crises. Actuellement, c'est la pénurie de certains médicaments, dont les vaccins pour enfants. «A ce rythme, on se retrouvera dans quelques années face à une crise majeure avec un risque sur la santé publique», a-t-il prévenu.