Les partis politiques battent le rappel des troupes Toutes les actions qui interviendront dans les prochains jours auront un soubassement politique A la manière des petites secousses telluriques qui épargnent au pays un séisme d'une grande intensité, les mouvements contestataires se multiplient en Algérie et durent depuis 9 mois. Mais depuis ces deux dernières semaines, on assiste à un réajustement de ces mouvements qui, jusque-là n'exprimaient pas de revendications politiques. Le FLN, le RND, le MSP, partis de l'Alliance présidentielle, le FNA, le PT, le RCD et le FFS, partis de l'opposition battent le rappel des troupes. Ils prospectent au sein de la société civile et des organisations syndicales autonomes dont la plupart avaient gelé leur mouvement de grève en attendant des réponses concrètes du gouvernement. Des tractations, des négociations et les jeux de coulisses font rage. Les échéances sont déterminantes aussi bien pour les partis au pouvoir, les partis de l'opposition, que pour la Centrale syndicale (Ugta) et les syndicats autonomes. Même le patronat quelque peu bridé par la tripartite de ce jeudi, se met de la partie et ne manquera pas de se manifester lors des débats sur l'avant-projet de loi de finances 2012. C'est dire que la scène politique, syndicale et patronale est actuellement dans une phase de manoeuvres sans précédent. Il faut tirer son épingle du jeu et se replacer dans le nouvel échiquier sociopolitique qui se dessine à la faveur des réformes annoncées. Si ces tractations sont moins visibles au sein des partis de l'opposition du fait qu'ils sont toujours- injustement- interdits d'antenne dans les médias publics, la furie s'observe plutôt chez les partis de l'Alliance présidentielle. Le FLN et le RND cohabitent sans merci depuis 7 ans. Ils sont arrivés à la croisée des chemins et doivent se séparer. Et la séparation en politique se paie en cadavres surtout lorsqu'il s'agit d'échéances politiques importantes. En réalité, «le cinéma» des meetings préparatoires pour les élections législatives n'est que l'écume d'une autre réalité. La réalité c'est la vague de l'élection présidentielle qui aura lieu en 2014. Toutes les manoeuvres politiques et toutes les tractations ont pour finalité ce rendez-vous de 2014 et les prochaines législatives ne sont que l'antichambre de la présidentielle. Les coups bas ne sont pas à écarter quitte à créer des remous sociaux. C'est le jeu politique qui l'exige car l'enjeu est de taille: la présidence de la République. Qui veut aller loin sabote la monture de son adversaire. Le RND charge son porte- parole Miloud Chorfi d'une mission délicate, celle de sabrer le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Ce dernier à qui l'histoire vient de tendre un plat exceptionnel, ne se nourrit pas de merles là où il y a des grives. A l'issue d'une habile manipulation de la mouvance islamiste à la recherche d'un repère, M.Belkhadem a fini par faire croire qu'il est une alternative réelle à cette mouvance décapitée. La société algérienne étant profondément islamisée, Abdelaziz a fini par croire en Belkhadem, c'est-à-dire en lui-même. Il ne cache plus cette ambition «légitime pour tout homme politique», dit-il et se voit déjà président de la République algérienne. Qui osera stopper M. Belkhadem propulsé par les révoltes arabes et encouragé par les déclarations des hauts responsables américains qui admettent désormais un islamisme light? Il s'agira d'une véritable alliance dangereuse des islamistes avec le pouvoir. On a beau citer l'exemple turc, mais l'Algérie n'est pas la Turquie. Une adolescente portant un short a failli être lynchée à Alger-Centre au 27ème jour du Ramadhan. Pour les observateurs de la scène politique, toutes les actions qui interviendront dans les prochains jours auront un soubassement politique avec des confrontations idéologiques. Marginalisés, ignorés et parfois humiliés, les mouvements sociaux portés ou non par les syndicats autonomes constitueront un bon investissement politique pour les partis. Le fait n'est pas spécifique à l'Algérie. C'est une pratique aussi vieille que la politique.