Des secousses telluriques ont été signalées récemment à Bouira, Aïn Témouchent et Mascara. On ne peut prévoir un séisme. Une vérité scientifique. Cette vérité est confortée par les spécialistes en la matière. Cependant, le nord de l'Algérie est une région à très haut risque sismique. En ce sens que cette partie du pays est traversée par un réseau complexe de failles actives. Alors, y a-t-il une relation directe entre le séisme dramatique de Haïti et l'Algérie? Explication d'experts: «Haïti appartient à la micro-plaque des Antilles. Celle-ci est située à la jonction des trois plaques nord-américaine, sud-américaine et celle des Caraïbes», a indiqué, hier au téléphone, M Hammou Djellit, géologue et responsable au Centre de recherches en astronomie astrophysique et géophysique de Bouzaréah (Craag), à Alger. Hier encore, Haïti a été de nouveau secoué par un séisme de magnitude de 6,1 selon l'Institut de géophysique américain (IGA). Ce tremblement est intervenu quelques jours après celui du 12 janvier qui a fait 75.000 morts, 250.000 blessés et plus d'un million de sans-abri. Ce bilan n'est que provisoire. C'est dire la puissance de cette secousse tellurique. Aussi, l'Argentine a été frappée, hier, par trois séismes successifs. Le premier de magnitude 5,4, le deuxième 4,6 et le troisième de 4,3 degrés. Concernant l'Algérie, «notre pays est situé au bord nord de la plaque africaine considérée comme une zone à activité modérée», a affirmé M.Djellit. Cette plaque couvre tout le continent africain. A l'ouest, elle s'étend jusqu'au milieu de l'océan Atlantique. Au nord, elle comprend la mer méditerranée. Du côté nord-est, cette plaque est prolongée par la limite de la mer Rouge. Cette limite pénètre l'océan Indien. Ce qui est inquiétant, c'est que cette zone fait face, aussi, à une forte activité sismique. A elle seule, l'Indonésie a été frappée par deux séismes puissants durant ces 10 derniers jours. De magnitude 6,2, un tremblement a frappé jeudi la province orientale indonésienne de Papouasie. Cinq jours auparavant, le centre de l'Indonésie a été secoué par un séisme de magnitude 5,4 degrés. Malgré son importance, les experts estiment que cette activité ne concerne pas la plaque africaine. «Sur le plan biologique, l'Afrique est isolée de cette zone», a rassuré M.Djellit. Cela dit, l'Algérie connaît une activité sismique significative ces derniers jours. Pas plus tard que le 16 janvier dernier, un tremblement d'une puissance de 4,1 degrés a secoué la wilaya de Bouira. Le 11 janvier, une secousse tellurique d'une magnitude de 3,6 degrés a eu lieu à Hammam Bouhdjar dans la wilaya de Aïn Témouchent. Une autre secousse de 3,2 degrés a frappé le nord-est de la wilaya de Mascara. Ces mouvements constituent-ils le prélude d'un séisme puissant? A en croire les spécialistes, cette faible activité sismique est un bon signe du fait que l'énergie accumulée dans les entrailles de la terre se libère à petites «doses». Ce qui empêche une secousse tellurique de forte intensité. «Cette activité s'inscrit dans un cycle normal. Notre pays enregistre une moyenne de 50 secousses par mois. La plupart de ces mouvements ne sont pas ressentis par la population» a précisé à ce propos, M.Abdelkrim Chaouch Yellès, directeur du Craag. Une plaque est un ensemble physique homogène qui se déplace à la même vitesse lorsqu'il est sollicité par une force. C'est comme un paquet de feuilles mis sur une table. Il suffit de tirer une seule pour que l'ensemble bouge. Le même principe vaut pour la provocation d'une secousse tellurique. Le hic, c'est que la côte algérienne peut être soulevée par des séismes ravageurs, à l'exemple de celui de Boumerdès en 2003. Surtout lorsque les constructions anarchiques, voire les bidonvilles continuent d'envahir les grandes villes. A ce sujet, a-t-on retenu les leçons du passé? Pas sûr. «Sur ce plan, nous sommes de mauvais élèves», a regretté, hier, M.Hamid Boudaoud, président du Collège national des experts algériens. Et pour cause, le patrimoine immobilier vétuste constitue 45% des 6 millions de logements que compte le pays. Ainsi, des milliers de familles vivent dans près de 3 millions de bâtisses à risque d'effondrement. Pis encore, les contrats de transactions ne contiennent pas de livret de santé des logements. Lesquels livrets doivent attester de leur conformité aux normes sécuritaires. A l'indépendance, le pays comptait près de 2 millions d'habitations. Aujourd'hui, ces bâtisses ont presque 50 ans d'âge. Ainsi, elles nécessitent un entretien assidu. Et pour cause, «la durée de vie de la plomberie est de 15 ans, celle du revêtement de sol est de 20 ans et celle de la menuiserie est de 10 ans», a illustré M.Boudaoud. Ce dernier a, par ailleurs, insisté sur la réhabilitation de l'architecte dans la politique de l'urbanisation. «Nous comptons 12.000 architectes dans le pays, alors, il faut leur faire confiance», a tranché ce dernier. Appliquer les textes sur le respect des normes de construction devient un impératif vital.