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Vérité entre démystification et subjectivité
YOUSSEF TOUNSI ET KAMEL DAOUD
Publié dans L'Expression le 28 - 09 - 2011

Voilà deux écrivains dont on pouvait jurer de leur rencontre improbable et que Sofiane Hadjadj a fait se rencontrer et parler de leur passion de l'écriture, l'instant d'une table ronde.
Appétit de l'Histoire: deux univers totalement opposés. Mais comment arrivent l'un et l'autre à s'approprier l'Histoire pour en faire un roman ou autre? Yousef Tounsi, consultant et conseiller en formation, est né à Alger. Il consacre tout son temps libre à l'écriture. Sous le pseudonyme de Youcef Tahari, il écrit une pièce de théâtre, son premier cri dans la ruche. Il a à son actif Les Colliers de jasmin (éd. Marsa, Paris-Alger, 2000 puis éd. Domens, Pezenas, 2001) qui a été montée en France par la Compagnie Belugo.
Depuis, il est passé au roman, publiant aux éditions Casbah, La Falaise des sept lumières (2004) et Les Chiens rouges (2007). Ces deux oeuvres s'inscrivent dans une trilogie dont le dernier ouvrage a paru à la fin 2010 sous le titre Impasses de la Régence. Ce roman, qui se passe à Alger durant la période ottomane, fourmille de personnages hauts en couleur et de situations souvent extraordinaires. El Djazaïr El Mahroussa (Alger la bien gardée) est sur le point d'être conquise par l'armée coloniale. Youcef Tounsi relate ce moment avec une écriture sobre et entraînante où l'imagination vient combler les vides de l'histoire. «Une plongée dans l'histoire pour témoigner», dira-t-il pour nuancer. Pourquoi l'histoire au jour d'aujourd'hui 50 ans après l'Indépendance? Un déficit sans doute à combler. «On n'est pas né de rien c'est donc une nécessité de témoigner pour dire qu'il y avait quelque chose», indique t-il. Pour Kamel Daoud, le chroniqueur du Quotidien d'Oran -ayant sorti cette année un recueil de nouvelles, Minotaure 504 (Sabine Wespieser, Paris), réédition de La Préface du Nègre (Barzakh, Alger, 2000), pour laquelle il a été nominé pour le concourt de la nouvelle- sa démarche de croquer le réel passe par le biais du mythe et de la fable. C'est une histoire qu'il se plaît à réinventer à défaut d' avoir lu des histoires similaires ou des épopées étant petit.
«L'enjeu est de sauver mon âme. Mon salut.» Kamel Daoud qui parle comme il écrit, c'est-à-dire avec une boulimie féroce est clair et sans ambages: «J'écris pour moi! je rêve d'écrire Gargantua, j'ai rêvé d'écrire Camus, c'est pourquoi, hélas ne pas avoir pu accès au livre je confectionnais des histoire sur la base des titres des romans». Cruauté et fable font partie de l'écriture de Kamel Daoud qui souligne un peu plus loin devant un public conquis: «Cela participe de la nécessité de tenir tête au grand récits fondamentaux pour s'octroyer une individualité dans le peuple. A 10 ans, je suis tombé sur la mythologie grecque. Je voulais redécouvrir l'histoire en participant à un effort de guerre. Aussi, je traite des révolutions arabes comme de fables ou des récits mythiques. J'essaye de m'amuser ce qui me permet d'aborder l'histoire autrement. La littérature est un exercice d'angle inattendu.» Deux mots-clés en effet pour comprendre l'univers mais aussi la démarche littéraire de Kamel Daoud: «La démystification et le démantèlement.» Une question s'impose alors: écrit-on des romans pour dire la vérité et quels degrés donne-t-on à la part historique dans un roman quand celui-ci se proclame de la fiction dans ce cas? l'écrivain est-il mu par le devoir de mémoire comme un historien? Ce serait porter une tâche trop lourde pour ses épaules. Pour Yousef Tounsi qui dit ne pas chercher à dire la vérité, l'important, souligne-t-il, «c'est juste de ne pas être dans le faux et respecter une certaine forme d'authenticité.
La vérité est dans ma subjectivité, dans mon imaginaire». Pour Kamel Daoud, cette question de la vérité répond essentiellement à l'envie de savoir sur quoi fonder une morale.
«Le tragique et le drame n'ont pas de nationalité. Je cloisonne mon esthétique et mon militantisme dans la création. Je ne sens pas qu'il soit nécessaire de tomber après ces révolutions arabes dans des romans arabes de l'urgence. Intéressons-nous à l'humain!». Pour rappel, en 2008, Kamel Daoud a été lauréat du prix Mohammed-Dib pour un autre recueil intitulé L'Arabe et le Vaste Pays de ô... Son écriture moderne et rythmée correspond bien dit-on, à son univers où la réalité croise sans cesse les détours de l'imaginaire, parfois aux limites du fantastique.
Kamel Daoud est également l'auteur d'un récit, La Fable du nain (2002), et d'un roman, Ô Pharaon (2005), tous deux publiés aux éditions Dar El Gharb d'Oran. En 2002 a paru un recueil de ses chroniques intitulé Raïna, raïkoum (Notre avis et le vôtre). «Ma quête est monotone et mon écriture est polyvalente», fera-t-il remarquer à bon escient. Si Pour Yousef Tounsi les gens de sa génération avaient de quoi lire et avec plus de facilité, Kamel Daoud quant à lui déplore le fait qu'il n'ait pu lire jeune des livres qui font rêver, et façonnent son imaginaire, des livres qui restituent le mythe et la légende, aussi des histoires d'amour de l'époque.. C'est ce qui l'a poussé, répétera-t-il, à réinventer les histoires jusqu'à lui impulser récemment cette envie de passer au roman. Un pas de franchi pour dire sans concession le temps qu'il fait aujourd'hui dans le monde et dessiner autrement les traits de l'humanité sous sa forme belle ou hideuse, sans se départir de cette rage qui l'anime, lui qui réaffirme: «Je n'écris pas pour vous.» Et M.Tounsi d'achever cette rencontre en avouant: «On n'écrit pas forcément de nous. On a envie de délivrer quelque chose mais pas forcément un message. Un jour, j'ai eu un noeud au ventre et j'ai décidé d'écrie. C'est le rôle des libraires de nous apporter des livres.
Aidez-nous à découvrir les auteurs et tous ceux qui font rêver», demandera-t-il avec équité.


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