"Les écrivains des années 1990 ont refusé le style littéraire réaliste des années 1970 et ont cherché un nouveau genre littéraire.» C'est la conclusion à laquelle est parvenue l'universitaire Mohamed Sari qui intervenait, jeudi dernier, à l'occasion d'un symposium des écrivains africains organisé dans le cadre du Panaf-2009 à Alger. Il fait remarquer, toujours dans le contexte de l'état des lieux de la jeune littérature algérienne, que "la littérature a toujours été et est le reflet de l'environnement social, économique, culturel et linguistique". L'écrivain et éditeur Sofiane Hadjadj, a indiqué, lui, que "la littérature algérienne et africaine ont trop à faire avec l'histoire et ne sont pas confrontées avec la géographie des villes", précisant au passage que «la question de l'imaginaire reste minoritaire dans notre société". Intervenant à son tour, l'écrivain franco-algérien Akli Tadjer, auteur de six romans, dont Le Porteur de Cartable qui a fait l'objet d'une adaptation télévisuelle et le très remarqué Alphonse, a évoqué son expérience dans l'écriture dans laquelle il se laisse, en somme, guider sur des sentiers qu'il n'a peut-être pas prévus. "Quand j'entame un projet, dira-t-il, qui est un bon moyen d'évasion, je ne connais pas le cheminement que je vais suivre pour aboutir à la fin." Et comme refusant de cantonner la littérature algérienne, en particulier, et africaine, en générale, dans un moule spécifique, il estimera qu'«à force de parler de particularisme de la littérature algérienne et africaine, on risque de les ghettoïser". Ainsi, pour l'auteur de Courage et patience, la littérature doit rester "universelle et toucher le cœur des êtres humains, de tous les êtres humains sans distinction". Quant au choix de la langue dans laquelle on écrit, Akli Tadjer rappellera que celle-ci reste juste un «pont réunissant les hommes des différentes cultures". Autre écrivain à intervenir lors de la table ronde, Brahim Tazaghart qui écrit en tamazight a parlé de ses début en mettant l'accent sur le rôle joué par sa mère dans sa vie littéraire, en soulignant avoir découvert l'écriture grâce à elle qui, bien que ne sachant ni lire ni écrire, composait des poèmes. Pour lui, "l'Afrique partira inévitablement de l'oralité vers l'écriture sans renier ses mythes". Quant à la question des langues, il précisera que "s'approprier les langues étrangères ne signifie pas renier sa langue maternelle".