Anwar al-Aulaqi, imam radical américano-yéménite lié à Al-Qaïda et ennemi public de Washington au même titre qu'Oussama Ben Laden, a été tué vendredi au Yémen, ont annoncé des responsables yéménites et américains. « Le dirigeant terroriste d'Al-Qaïda Anwar al-Aulaqi a été tué avec des membres de cette organisation qui se trouvaient avec lui », a annoncé, sans autre précision, un porte-parole du ministère de la Défense yéménite, cité par la télévision d'Etat. Le président américain Barack Obama a affirmé que sa mort portait « un coup très dur à la branche la plus active d'Al-Qaïda », assurant que les Etats-Unis restaient déterminés à détruire les réseaux terroristes. Aulaqi a été tué par une frappe d'un drone de la CIA, rapportait CNN et le Washington Post, des informations non démenties par des responsables américains. S'il n'a pas souhaité entrer dans les détails opérationnels et n'a pas confirmé directement l'action américaine, le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a salué la coopération avec les autorités yéménites. « Je veux les féliciter pour leurs efforts, leur assistance en matière de renseignements et leur assistance opérationnelle pour mener à bien cette mission », a-t-il déclaré. Considéré par les Etats-Unis comme une menace aussi grande que l'était Ben Laden, Aulaqi était soupçonné par Washington de liens avec le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, auteur de l'attentat manqué du 25 décembre 2009 sur un avion de ligne américain. Il avait également correspondu avec le commandant américain Nidal Hassan, auteur présumé de la fusillade qui a fait 13 morts sur la base de Fort Hood (Texas) en novembre 2009. Un chef tribal a précisé que six personnes avaient été tuées avec Aulaqi dans l'attaque, qui s'est produite à l'est de Sanaa. « Khamis Saleh Arfej, l'hôte du groupe qui a seulement été blessé dans l'attaque, nous a assuré que les morts sont Anwar al-Aulaqi, Salem Saleh Arfej, Mohammed Mosen al-Naaj, le Pakistanais Samir Khan (de nationalité américaine, un informaticien), connu sous le nom de « l'homme au Laptop » ainsi que deux autres personnes qui seraient de nationalité saoudienne, a déclaré ce chef tribal qui a requis l'anonymat. La septième personne tuée appartient à la tribu Obeida de Maarib, selon la même source. Samir Khan publiait le magazine « Inspire » diffusé en ligne par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), selon le chef de la police de New York, Raymond Kelly, qui a indiqué que les forces de l'ordre de la ville étaient en alerte face au risque que « quelqu'un veuille venger » la mort de l'imam. Khan, qui a vécu à New York et en Caroline du Nord avant de rejoindre les rangs d'Aqpa au Yémen, s'était déclaré en 2010 « fier d'être un traître à l'Amérique » dans un numéro d'Inspire. La mort de deux ressortissants américains soulève un débat aux Etats-Unis sur le droit que peut ou non s'arroger l'Etat fédéral d'éliminer ses propres citoyens. Le raid dans lequel ils ont été tués a été mené vers 10H00 locales (07H00 GMT). Les membres du groupe ont été visés par un premier tir alors qu'ils s'apprêtaient à prendre un repas à même la terre près de la maison qu'ils habitaient, selon le chef tribal. Ils ont alors pris la fuite à bord d'une voiture qui a été pulvérisée par un missile aérien, a-t-il ajouté. Les habitants ont réuni les restes des sept morts et les ont enterrés dans un cimetière de la région de Khasf, pas loin de la maison qu'ils habitaient, selon la même source. Anwar Al-Aulaqi avait échappé à un raid américain au Yémen début mai, quelques jours après l'élimination au Pakistan du chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden, avaient annoncé à l'époque un responsable yéménite et un membre de sa tribu. Placé par Washington sur sa liste des cibles à éliminer, l'imam avait aussi été visé, selon les autorités yéménites, par un raid de l'aviation yéménite le 24 décembre 2009 dans la province de Chabwa, qui avait fait 34 morts. Mais il ne s'y trouvait à ce moment, selon les services de sécurité. Sa mort peut aussi servir le régime, qui cherche depuis des mois à faire prévaloir son statut de partenaire de Washington dans la lutte contre Al-Qaïda alors que le président Ali Abdallah Saleh, fortement contesté par la rue depuis fin janvier, ne semble pas prêt à renoncer au pouvoir. M. Saleh l'a répété jeudi en précisant qu'il ne le ferait que si ses anciens alliés devenus ses opposants, en particulier le général Ali Mohsen al-Ahmar et à la puissante tribu des Ahmar (sans lien avec le général), étaient interdits de participer à des élections.