L'action d'hier est prioritairement destinée à frapper les USA et accessoirement à dénoncer le procès des leaders islamistes indonésiens. Un attentat terroriste perpétré hier contre un hôtel américain Marriott, à Jakarta a fait au moins 17 morts et plus de 37 blessés. C'est l'ambassade américaine en Indonésie qui donne ce bilan. Principal cible de l'attentat, les Américains déplorent la mort d'un des leurs. Deux autres étrangers, un Australien et un Malaisien, figurent parmi les victimes étrangères. La déflagration a dévasté toute la façade de l'hôtel haut de 33 étages. La police indonésienne a retrouvé les plaques de la voiture piégée, a indiqué, par ailleurs, le département d'Etat. «La police a retrouvé la plaque de la Toyota Kijang utilisée pour l'attaque et est à la recherche d'informations complémentaires sur le propriétaire de la camionnette et les possibles auteurs (de l'attentat)», a affirmé l'ambassade américaine à Jakarta dans un rapport transmis au département d'Etat. «Le conducteur a été tué dans l'explosion», indique le rapport. Les soupçons des services de sécurité indonésiens sont dirigés vers la Jamaâ Islamiah (JI), organisation islamiste affiliée à Al-Qaîda et dirigée par l'homme le plus recherché du pays Hambali, alias Riduan Isamuddin. Les spécialistes estiment, en effet, que ce groupe terroriste dispose de toutes ses capacités pour frapper dans la région. Soupçonnée d'avoir été l'exécutant de l'attentat de Bali qui avait fait plus de 200 morts dont une majorité de touristes étrangers, cette organisation a agi, selon les observateurs, en représailles. En effet, l'attentat intervient deux jours avant que le tribunal ne rende le premier jugement et alors que le procès contre le leader de la JI Abu Bakar Bashir doit reprendre à Jakarta. Fondée en 1993 par Abou Bakar Bachir, un religieux indonésien, directeur d'une école coranique de Java, et Abdullah Sungkar, un de ses compatriotes, la Jamaâ Islamiyah a pour but la création d'un Etat islamique englobant la Malaisie, l'Indonésie, Singapour, le sultanat de Bruneï, le sud des Philippines et le sud de la Thaïlande. Cela dit, le timing, apparemment pris au sérieux par les spécialistes, n'explique pas tout. L'affiliation de la JI à Al-Qaîda et le fait que Hambali en soit l'un des plus hauts responsables ouvrent une autre piste, à savoir l'implication directe de l'organisation d'Oussama Ben Laden dans cet acte terroriste. L'un des bras armés d'Al-Qaîda, la JI est l'un des rares groupes terroristes encore structurés et capables de frapper fort, les terroristes marocains et saoudiens étant traqués dans leur pays. Aussi, l'action d'hier est-elle destinée prioritairement à frapper les USA et accessoirement à dénoncer le procès des leaders de la JI. Elle entre dans le cadre du redéploiement d'Al-Qaîda qui semble décidée à maintenir la pression sur les Etats-Unis, et ce, partout dans le monde.