Quand Mellouk avait évoqué l'existence de magistrats faussaires, nul ne pensait que ses propos allaient se retourner contre lui. Ceux qu'il avait attaqués s'étaient ligués contre lui, pour lui faire vivre un véritable calvaire. La loi de l'omerta a bien fonctionné et Mellouk eut beau crier, ses appels n'eurent aucun écho. Les faits sont têtus comme le dit le vieil adage et aujourd'hui, d'autres exemples viennent appuyer les déclarations de Mellouk. Il existe bel et bien des magistrats faussaires et véreux qui ont sévi à Oran pour déposséder un GLD, handicapé à 70%, de sa terre. Tout a commencé quand la direction des services agricoles d'Oran dépose une plainte contre les bénéficiaires de l'exploitation agricole collective Khemisti n°9, installée à Es Sénia, pour l'annulation du contrat de jouissance au motif, que certains ont loué l'exploitation ou s'en seraient séparés. L'affaire est enrôlée au niveau de la chambre administrative de la Cour d'Oran. Curieusement, parmi les magistrats qui ont instruit l'affaire, figure le juge Omar Arichi qui a bénéficié le 7 mars 2000, d'un contrat d'attribution de 2,80 ha sur l'assiette de l'EAC Khemisti n°9. La décision d'attribution a été signée par l'actuel wali d'Oran. En un mot comme en mille, un des magistrats qui ont jugé l'affaire a bénéficié d'une parcelle sur les terres de l'EAI Khemisti n°9, objet de litige entre les bénéficiaires et la DSA, bien avant que le litige ne soit tranché en faveur d'une des deux parties. De plus, cette acquisition est en totale contradiction avec les dispositions de l'instruction ministérielle n°830 du 24 octobre 1996, qui définit rigoureusement les critères d'éligibilité au bénéfice des EAC et EAI. Cette ordonnance stipule que tout postulant doit être du domaine agricole, être non salarié ou ayant un faible revenu, ce qui n'est pas le cas du magistrat Arichi qui a été promu quelques mois après, au grade de président de chambre. Il avait réussi le tour de force de décrocher l'objet de ses convoitises, neuf mois avant que la chambre dans laquelle il siégeait, ne rende son verdict, annulant le contrat des premiers bénéficiaires représentés par M.Mouilah, fellah, handicapé. M.Mouilah, un GLD qui a pris les armes pour défendre la République, déclare qu'il ne baissera pas les bras devant les pratiques de la mafia, qui a réussi à devenir un ogre qui s'est immiscé dans les rouages de l'administration pour en faire un outil capable d'asseoir son règne.