En principe, le 14 août prochain, une rencontre annoncée comme grandiose par les hérauts du «parti de l'administration» devrait avoir lieu le même jour ou au plus tard le lendemain à Alger. Contre cette manifestation organisée sous l'égide d'une association apolitique et à caractère non lucratif, les instances du parti du FLN qui, dans l'ensemble du territoire de l'ancien gouvernorat du Grand Alger se préparent à riposter. Comment ? En se tenant prêts pour cette première édition à lâcher leurs troupes dans la rue, dans les marches avec des points de ralliement comme la présidence de la République ou le palais du gouvernement où, par milliers, militants et sympathisants se rendront pour crier leur ras-le-bol au pouvoir qui empêche le multipartisme de s'enraciner en Algérie. Parce qu'en fin de compte c'est bien le pluralisme qui est visé, nous a déclaré un membre du bureau politique du parti, jeudi. Le pluralisme, mais aussi la liberté d'expression, la liberté de conscience, l'exercice du libre-arbitre et la protection des droits de l'Homme. C'est là, toute la signification de l'acharnement avec lequel l'administration de Yazid Zerhouni a essayé depuis des semaines sans résultat tangible d'invalider les résolutions du 8e congrès du FLN. Un prétexte apocryphe imaginé, a ajouté notre interlocuteur, par le ministre de l'Intérieur pour casser purement et simplement le parti. Au profit de quoi? En fait, ce ne sont ici que les prémices visant en bout de course à établir un régime monarchique qui ne dirait pas son nom. Un peu à la façon de ce qui s'est passé en Syrie quelques heures seulement après la mort de Hafez El-Assad. Ou encore comme au Maroc où l'on fait tout pour faire accroire à l'existence d'une démocratie alors qu'il s'agit d'une monarchie autocratique de la pire espèce. Notre interlocuteur poursuit. Chez nous, les instances qui nous gouvernent progressent à... reculons. Hier, au siège du parti du FLN à Hydra, les mouhafedhs de l'ensemble du Grand-Alger et de sa périphérie ont été réunis autour de certains membres du Bureau politique et du comité central, pour justement débattre de la conduite à suivre dans la perspective où il y aurait effectivement affrontement entre les militants du FLN et les fournées stipendiées de faux militants que le «parti de l'administration», irait cueillir dans les faubourgs de la capitale parmi les hittistes et autres clochards pour leur faire jouer le rôle de militant moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Si la rencontre avait lieu, nous l'avons déjà dit, le FLN n'hésiterait pas à lâcher ses troupes et tant pis pour la casse. Mais attention, en prévision d'un éventuel dérapage, le ministre de l'Intérieur a préféré prendre les devants en avertissant que les manifestations dans le Grand-Alger sont interdites. Un membre du bureau politique répond plus aisément qu'on ne l'eut pensé à cette mise en garde. Primo, dit-il, nous ne reconnaissons aucune utilité à cette mise en garde dans la mesure où elle couvre un malaise que le ministre de la Justice n'arrive plus à gérer. En effet, après avoir dirigé des hommes de main pour attaquer les permanences du parti du FLN, le voilà changeant de braquet en rêvant d'organiser un «8e congrès-bis» en utilisant des raids sous le couvert d'associations apolitiques. Qui dit mieux! Pour notre part, nous tenons à la Constitution de 1996, souligne de son côté un ancien ministre du FLN à l'époque du parti dit unique qui ajoute, que le FLN est un parti légaliste, qui n'accepte aucune espèce de diktat quel que soit celui qui oserait envisager une telle issue pour se croire plus fort. Un de ses homologues, impatient de dire lui aussi son mot, a tenu à nous rappeler que si cette fois nous répliquons en organisant des marches pacifiques, la prochaine fois ce sera beaucoup plus percutant...Nous mobiliserons des milliers de personnes et même s'il le faut des millions dans un même mouvement de protestation qui verrait alors Ali Benflis et les cadres de toutes les instances marcher au premier rang des manifestants...Car il ne s'agit pas d'élection présidentielle seulement mais de l'avenir même de l'Algérie républicaine...