Il étudiera tous les événements qui ont jalonné la vie du parti depuis la fin du 8e congrès. Deux jours avant, au siège du parti du FLN à Hydra, c'était l'effervescence. Puis, au moment où l'on s'y attendait le moins, la décision annonçant que la marche, prévue jeudi 14 août, n'aura pas lieu, tombait tel un couperet. Il n'y aura pas d'affrontement avec les belligérants du «parti de l'administration». Et c'est bien mieux ainsi. Qu'à cela ne tienne. Benflis a-t-il recueilli beaucoup d'avis favorables à la décision qu'il a prise de «reporter» la marche à plus tard? Reporter? C'est en effet la nuance qu'il fallait saisir pour se préparer à riposter au cas où l'administration continuerait à soutenir, sous le couvert d'associations apolitiques, dont certaines mort-nées et opportunément ranimées par Amar Tou, le fallacieux projet d'un «8e congrès-bis» pour éliminer du scrutin de 2004, le secrétaire général légitime du parti du FLN. La marche n'aura pas lieu et c'est un fait établi d'avance que la décision a été prise avant-hier pour l'annuler. La balle est donc dans le camp du ministre de l'Intérieur et des «mandarins» du cercle présidentiel, comme Barkat et consorts, comme l'a déclaré devant nous un membre du bureau politique du FLN, hier, qui ajoute que «si des provocations identiques à celles qui ont été vécues à Oran, il y a trois jours, par nos camarades venaient à se reproduire, nous ne garantirions pas que la base du FLN, à travers toute l'Algérie, ne bougerait pas». Il y a une dizaine de jours apprenant que la coordination des mouhafadhas du Grand-Alger envisageait d'organiser une marche qui devait conduire les militants de la capitale et de quelques mouhafadhas environnantes, de la place du 1er-Mai, jusqu'à l'esplanade de l'Afrique où siège le ministère de l'Intérieur, des milliers de militants activant dans les autres wilayas du pays demandèrent d'être de la partie. Le refus du coordinateur du Grand-Alger de les associer à cette marche constitua, non pas une entrave à leur élan, mais une connotation subtile à saisir qui sous-entendait ceci : ne gaspillez pas vos forces, l'hydre de l'administration étant protéiforme, ce ne sont pas les marches qui manqueront pour rétablir le droit dans ce pays. Bien! Pour autant, dites-nous comment la décision de stopper la marche du Grand-Alger a été prise? A l'unanimité? Aussi surprenant que cela puisse paraître, dans les instances du FLN, de nos jours, le secrétaire général du parti consulte ses collaborateurs, notamment les membres du bureau politique, et pourquoi pas aussi comme dans le cas présent, le coordinateur du Grand-Alger, ou encore et isolément des sages du comité central du parti, avant de décider. Ali Benflis s'est-il effectivement plié automatiquement à cette règle? Je vous le confirme, nous a confié un autre membre du bureau politique qui ajoute qu'au sein du BP comme au sein du comité central, à propos du report de la marche du 14 août prochain, une partie de ces deux instances «est pour la marche», même si in fine l'analyse que nous en avons faite nous a conduits à croire qu'il s'agit bien d'un report et non de la fin de nos projets de contestation. Ajoutant que «même si nous désirions nous accrocher à une démarche de sagesse, ce qui n'est nullement notre cas aujourd'hui, la base de notre parti en profiterait pour nous déborder et pour agir durement afin de protéger son parti. Une chose dont notre secrétaire général est, bien entendu, conscient.» Cela étant, le comité central, qui est, comme vous le savez, l'organe suprême entre deux congrès, se réunira à la fin du mois d'août, précisera-t-il, pour étudier dans le détail tous les événements qui ont jalonné la vie du parti depuis la fin du 8e congrès à nos jours, en vue de prendre les décisions qui s'imposent. «Contre les provocations provenant du ministère de l'Intérieur, dit-il, je ne vous apprendrai rien en vous disant que dans les deux instances du parti, il y a des radicaux qui sont prêts à en découdre.» Vous faites partie de ces radicaux ? lui demandais-je. Bien sûr! répondit-il. En attendant, les parasites de l'administration continuent de tournoyer autour des permanences du parti même si l'intérêt d'un «congrès-bis» passe pour être plus important que les attaques des kasmas et des mouhafadhas, mouvement subversif par excellence, ses principaux animateurs dit-il, sont au nombre de deux Affif et Amar Tou, deux exclus du parti. S'agissant de Affif, on a vu dans quel embarras il a placé ses commanditaires de l'administration. Tandis que Amar Tou, plus que jamais isolé dans son fief de Bel Abbes, il s'est rabattu sur Annaba où il subventionne, par le biais de l'éducation nationale, des associations mort-nées qu'il renfloue aujourd'hui à coups de milliards. C'est ainsi que l'Organisation nationale des étudiants algériens (Onea), qu'il a créée quand il était ministre et qui était restée lettre morte, fait ouvertement de l'agit-prop aujourd'hui dans la capitale industrielle de l'Est. De même que l'Alliance des étudiants de l'Ouest, sans parler de l'activisme forcené de Saïd Barkat, qui n'a cessé de distribuer des fonds tirés du Fndra à des marginaux pour servir la cause d'un deuxième mandat en faveur d'un autre que Ali Benflis. Comme on le voit, ce n'est pas l'animation qui manque sur la scène algérienne. Vivement l'année 2004!