Le jeune Nigérian qui avait tenté de faire sauter un avion en cachant des explosifs dans ses sous-vêtements a invoqué la mémoire de l'imam radical Anwar al-Aulaqi mardi à l'ouverture de son procès à Detroit (nord des Etats-Unis). « Anwar est vivant », a lancé Umar Farouk Abdulmutallab, 24 ans, en référence à l'imam américano-yéménite tué vendredi au Yémen lors d'une frappe américaine. Selon les services de renseignement américains, l'imam avait soutenu le jeune Nigérian lors de son attentat raté à bord du vol Amsterdam-Detroit le jour de Noël 2009. Abdulmutallab, qui a récusé ses avocats et entend se défendre seul, a aussi promis de « défendre Mahomet ». Mais il a rapidement eu affaire à la juge Nancy Edmunds qui a suspendu l'audience en exigeant que le jeune homme, venu en tee-shirt, passe une tenue de ville. « J'aimerais que vous mettiez une chemise avec des boutons, cela fera meilleure impression sur les jurés », a-t-elle dit. Après une brève suspension, l'accusé a refait son apparition vêtu d'une tunique couleur café. Le Nigérian, qui risque la prison à vie, est accusé d'avoir tenté de tuer les 279 passagers d'un avion reliant Amsterdam à Detroit. Les explosifs cachés dans son slip n'avaient pas détonné mais seulement produit quelques flammes, alertant les passagers et leur donnant le temps de maîtriser le plastiqueur. Le chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, avait revendiqué la responsabilité de l'attentat raté. La juge, qui n'a cessé de presser l'accusé de prendre un avocat, a finalement obtenu qu'il soit assisté d'un conseiller technique. Mais Umar Farouk Abdulmutallab a insisté pour interroger lui-même les témoins au cours du procès qui doit durer des semaines. Dès mardi, au début de la sélection du jury, il a demandé à un des jurés, une femme, pourquoi elle avait dit craindre pour sa sécurité. « Vous n'êtes pas tranquille. Admettez-vous aussi que des gens pourraient être mécontents du verdict et se venger? », a demandé l'accusé. La jurée a répondu par l'affirmative. L'attitude d'Abdulmutallab rappelle celle du Franco-Marocain Zacarias Moussaoui, seul participant aux attentats du 11-Septembre à avoir été jugé jusqu'à présent par un tribunal américain, qui avait voulu faire de son procès une tribune de propagande pour Al-Qaïda. La sélection des jurés, qui a commencé il y a deux semaines par une procédure de pré-sélection par écrit, devrait être bouclée d'ici la fin de la semaine et le procès véritablement commencer le 11 octobre avec les déclarations préliminaires. Le procès de ce que la presse américaine a appelé « le complot de Noël » devrait durer des semaines. L'attentat manqué a eu des répercussions considérables, notamment des fouilles au corps controversées dans les aéroports et un élargissement notable de la liste des personnes interdites de prendre des vols pour les Etats-Unis. Cette affaire a également mis à mal la réputation des services de renseignement américains, déjà peu flatteuse depuis le 11 septembre 2001, d'autant que le propre père de Farouk Abdulmutallab, un banquier nigérian, avait prévenu la CIA de l'adhésion de son fils aux thèses islamistes radicales. Sur le front de la politique intérieure américaine, les républicains avaient profité de ce faux pas pour attaquer l'administration démocrate, accusant le président Barack Obama de faiblesse face aux menaces terroristes et bloquant la fermeture de la prison de Guantanamo qu'il avait promise.