Le Fonds monétaire international a jugé hier qu'il était «plus que temps» que la zone euro trouve une solution à la crise de la dette, face à un risque de récession en 2012. Il est «plus que temps de trouver une solution durable à la crise de la dette souveraine en zone euro», écrit le FMI dans un rapport publié hier. Pour autant, «vouloir atteindre des cibles chiffrées en matière de déficit ne doit pas se faire au risque d'une contraction à grande échelle de l'activité économique», ajoute l'institution de Washington. Le FMI a prévenu qu'il n'excluait pas une récession au niveau mondial en 2012. «Nous tablons toujours sur une croissance, même très modeste, mais l'activité pourrait se retourner. Un risque de récession n'est pas à exclure», a admis Antonio Borges, directeur Europe du Fonds, lors d'une conférence de presse à Bruxelles. «En conséquence, nous devons changer nos politiques économiques», a-t-il affirmé. «Certains pays n'ont pas d'autres options, mais d'autres peuvent agir plus sereinement», a-t-il souligné. Dans cette optique, le deuxième plan de sauvetage de la Grèce, décidé en juillet, devrait être réexaminé, afin qu'il «se concentre plus sur une dette soutenable» pour le pays à terme et sur «le redémarrage de la croissance économique», a poursuivi M. Borges. Le pays est actuellement englué dans une profonde récession qui complique la tâche des pouvoirs publics pour réduire le déficit et freiner la hausse de la dette globale. Le FMI invite aussi les pays solides de la zone euro à agir. «Les pays bénéficiant de taux bas (sur le marché de la dette) devraient envisager de reporter une partie de leurs objectifs en matière de consolidation budgétaire», indique-t-il dans son rapport, qui invite également les grandes banques centrales à «faire une pause ou machine arrière» en cas de risque sur la croissance. La Banque centrale européenne doit justement se réunir aujourd'hui. Les analystes s'attendent à une baisse de son taux directeur en raison des craintes de retour de la récession. Concernant l'aide à la Grèce, le FMI s'est montré «confiant dans le fait d'arriver à une issue positive» à l'issue des négociations en cours entre Athènes et ses bailleurs de fonds regroupés au sein de la troïka (FMI, Union européenne et Banque centrale européenne) quant au versement d'une tranche de 8 milliards d'euros de prêts au pays. Ces fonds seront tirés du premier plan d'aide à la Grèce décidé en 2010. Pour M. Borges, il n'y «pas d'urgence» pour verser cette nouvelle tranche d'aide étant donné que la Grèce ne doit pas faire face à des échéances de remboursement importantes avant le mois de décembre. «Cela nous laisse du temps pour négocier prudemment avec Athènes sur les mesures à mettre en place», a-t-il indiqué, précisant que la mise en oeuvre du second plan d'aide à la Grèce dépendrait du succès des mesures prises dans le cadre du premier plan de sauvetage au pays. Les autorités grecques avaient d'abord laissé entendre que le pays risquait d'être en faillite dès octobre, s'il ne recevait pas à temps le versement de l'aide promise. Revenant sur la situation de l'Irlande et du Portugal, les deux autres pays de la zone euro à bénéficier d'un plan d'aide, le FMI s'est montré partagé. «Nous sommes satisfaits de ce qui se passe en Irlande où le pays fait exactement ce qu'il devait faire» en matière de consolidation budgétaire, a indiqué M. Borges. En revanche, il a estimé que Lisbonne avait réservé quelques «surprises négatives». «Il est trop tôt pour dire si le programme d'austérité mis en place est bien sur les rails», a-t-il fait savoir.