Le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu, dans un rapport rendu public hier, qu'il n'excluait pas une récession au niveau mondial en 2012 face à un possible retournement de l'activité. «Nous tablons toujours sur une croissance en 2012, même très modeste, mais l'activité pourrait se retourner. Un risque de récession n'est donc pas à exclure», a admis Antonio Borges, directeur Europe au FMI, lors d'une conférence de presse à Bruxelles. «En conséquence, nous devons changer nos politiques économiques», a-t-il poursuivi. Insistant sur la situation fragile de la zone euro confrontée à la crise de la dette, il affirmera que «certains pays n'ont pas d'autres options, mais d'autres peuvent agir plus sereinement. Nous avons les instruments qui peuvent être mis en place». M. Borges a également reconnu que la confiance des marchés s'était érodée au cours de l'été, ce qui a pesé sur les prévisions mondiales de croissance. Il est «plus que temps de trouver une solution durable à la crise de la dette souveraine en zone euro», écrit le FMI dans son rapport. L'urgence d'une solution est confirmée par la baisse de la notation de l'agence Standard & Poors qui a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro et la Grande-Bretagne en 2012 et met en garde contre le risque d'une rechute dans la récession, même si celle-ci peut être évitée, dans une analyse publiée mardi dernier. «La perspective que l'Europe puisse plonger à nouveau en récession apparaît plus probable», écrit S&P dans cette analyse. «En dépit de ces prévisions, nous n'envisageons toujours pas de véritable ‘‘double dip'' (récession en double creux) dans la zone euro ou en Grande-Bretagne. Cependant, nous estimons à 40% le risque de nouvelle récession en Europe de l'Ouest l'an prochain», précise S&P. L'agence estime qu'une demande forte des pays émergents, quoique atténuée par rapport à 2010, une consommation interne soutenue en Allemagne et en France, ainsi que la poursuite des programmes de soutien monétaire aideront à éviter ce scénario. S&P table désormais sur une croissance de 1,1% dans la zone euro en 2012 contre 1,5% jusque-là, et de 1,7% au Royaume-Uni contre 1,8% précédemment. Ces révisions s'expliquent par la crise de confiance qui secoue les marchés et le ralentissement de l'activité aux Etats-Unis, explique-t-elle dans son analyse. Première réaction, l'Allemagne et le FMI ont appelé, hier, à la mise en œuvre rapide d'un plan de soutien au secteur bancaire européen afin de restaurer la confiance dans la capacité de l'Europe et de ses banques à traverser l'orage financier actuel. R. C.