L'opposition syrienne laïque, réunie à Paris, a appelé, hier, l'ONU à adopter une résolution pour “protéger les civils” en Syrie, qui pourrait ouvrir la voie à une intervention étrangère dans ce pays, comme cela a été le cas en Libye. Devant l'obstination de Bachar Al-Assad à mater par la force le soulèvement populaire, l'opposition syrienne semble emboîter le pas aux rebelles libyens en vue d'une intervention étrangère en Syrie. “Nous appelons la communauté internationale à adopter une résolution à l'ONU afin de protéger les civils”, demande dans un communiqué final la Coalition des forces laïques et démocratiques syriennes (CFLD), une formation de partis d'opposition assyriens ou syriaques (chrétiens), kurdes (musulmans) ou arabes (musulmans ou chrétiens), tous laïcs. Cette dizaine de partis et des personnalités syriennes étaient réunies samedi et dimanche à Paris pour promouvoir l'instauration d'un Etat laïc si Bachar Al-Assad quitte le pouvoir. Les opposants laïcs souhaitaient au départ appeler à une “intervention étrangère”, mais une partie d'entre eux craignant des répercussions pour leur communauté en Syrie, la coalition s'est contentée d'un appel à la “protection des populations” sur le modèle de la résolution 1973 de l'ONU sur la Libye. Mais, il ne fait aucun doute que c'est le premier pas dans ce sens. La résolution 1973 autorisait “toutes les mesures nécessaires” pour protéger les civils de la répression de Mouammar Kadhafi et prévoyait une zone d'exclusion aérienne pour empêcher l'aviation du dirigeant libyen de pilonner ses opposants. Plusieurs pays, dont la Russie, estiment que l'OTAN a été au-delà de cette résolution et a aidé les rebelles à renverser Mouammar Kadhafi. L'opposition syrienne ne présente pas de front uni, notamment sur l'idée d'une intervention étrangère. Samedi, un Comité national pour le changement démocratique (CNCD), regroupant des partis “nationalistes arabes”, kurdes, socialistes et marxistes ainsi que des personnalités indépendantes comme l'écrivain Michel Kilo et l'économiste Aref Dalila, a élu samedi à Damas son conseil central. Les opposants prévoient d'annoncer en Syrie la formation d'une coalition qui comprendra le CNCD, les partis libéraux de la “Déclaration de Damas” – une plate-forme créée en 2005 et plaidant pour une ouverture politique –, la Confrérie des Frères musulmans ainsi que des islamistes indépendants. Deux instances de l'opposition ont également vu le jour fin août en Turquie. Le “Conseil national”, majoritairement composé d'islamistes, et le “Conseil national de transition syrien”, dirigé par un universitaire très en vue exilé à Paris, Burhan Ghalioun. Sur le terrain, cinq civils ont été tués hier par des tirs des forces de sécurité pendant des perquisitions à al Houla, dans la province de Homs (centre), a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). “Cinq citoyens, dont une femme, ont été tués ce lundi par les tirs des forces de sécurité qui menaient depuis dimanche soir des opérations de perquisitions à Al-Houla”, a annoncé l'OSDH dans un communiqué. En outre, un jeune homme de 26 ans est décédé hier à Irbin, dans la province de Damas, des suite de blessures subies dimanche lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu pendant des funérailles, selon des militants. Dimanche soir, des manifestations nocturnes appelant à la chute du président Bachar Al-Assad ont eu lieu dans plusieurs villes syriennes, dont Daël, dans le gouvernorat de Deraa (sud) et dans plusieurs quartiers de Homs, selon les mêmes sources. Les forces de l'ordre ont procédé en outre à un grand nombre d'arrestations dans la province d'Alep (nord), deuxième ville de Syrie, à Deir Ezzor (est) et dans les villes côtières de Lattaquié et Banias. Les autorités syriennes continuent de réprimer la révolte contre le régime qui secoue le pays depuis le 15 mars. Selon l'ONU, les violences ont fait au moins 2 600 morts, en grande majorité des civils.