«Le colonel a deux options, soit tenter de déstabiliser le nouveau régime, soit proclamer un Etat séparatiste dans le Sud», a déclaré le chef de l'Exécutif du CNT, Mahmoud Jibril, dans une interview accordée à Asharq al Awsat. La chute probable de Syrte, la ville natale du guide déchu de la Jamahiriya, tout en signifiant l'effondrement définitive de son régime, pourrait paradoxalement signer le retour de Mouamar El Gueddafi. Une hypothèse certainement étonnante que n'écarte pourtant pas le numéro deux du Conseil national de transition libyen. «Je crois fermement que El Gueddafi tente de revenir au pouvoir avec l'aide des tribus touarègues dans le nord du Niger, le sud de la Libye, le sud de l'Algérie et du Mali», a affirmé Mahmoud Jibril dans une interview publiée mardi par le quotidien panarabe Asharq al Awsat basé à Londres. Sur quels indices sont fondées les craintes du chef de l'Exécutif du Conseil national de transition? «C'est un homme habité par la vengeance qui refuse d'accepter sa défaite et est prêt à faire l'impossible pour détruire tout nouveau régime en Libye», confie le Premier ministre du gouvernement provisoire libyen qui est profondément convaincu que Mouamar El Gueddafi n'a pas baissé totalement les bras. «Je pense qu'il se prépare vraiment à ça», a-t-il ajouté avec insistance. Selon le N.2 du CNT, seules deux options s'offrent à l'ex-guide de la Jamahiriya. «Le colonel El Gueddafi a deux options, soit tenter de déstabiliser le nouveau régime, soit proclamer un Etat séparatiste dans le Sud», a déclaré, le chef de l'Exécutif du CNT, Mahmoud Jibril, dans une interview accordée à Asharq al Awsat, publiée le 18 octobre. Dans l'un ou l'autre cas, c'est la partition et surtout le chaos annoncé, tant redouté, de la Libye. Depuis la prise de sa forteresse de Bab al-Aziziya à Tripoli le 23 août 2011 par les insurgés, le colonel déchu qui n'est plus apparu en public pourrait encore compter sur 10.000 à 15.000 militaires qui lui voueraient une fidélité sans faille selon les informations fournies par le numéro deux du CNT au quotidien Asharq al Awsat. Des indices qui apparemment tiennent la route si l'on se réfère au témoignage du correspondant de RFI qui a confirmé que les pro-El Gueddafi disposaient d'une puissance de feu redoutable. «Il semble qu'ils (les forces restées fidèles à l'ex-guide libyen, Ndlr) aient encore des réserves de munitions et qu'ils soient toujours très mobiles. La multitude de tireurs embusqués continue de faire des ravages. Tous les matins, ils occupent de nouvelles positions, prenant par surprise les véhicules du CNT», a rapporté mardi soir le journaliste de Radio France Internationale. Est-ce le fruit du hasard si les craintes exprimées par le chef de l'Exécutif de l'organe politique de la rébellion libyenne coïncident avec la visite surprise de la secrétaire d'Etat américaine à Tripoli? Visiblement non. La chef de la diplomatie US a tenu vraisemblablement à rassurer les hommes forts du nouveau pouvoir en Libye. «La chose la plus importante à faire maintenant est de s'assurer que El Gueddafi et son régime ne puissent plus perturber la nouvelle Libye... Nous espérons qu'il sera capturé ou tué bientôt, ainsi, vous n'aurez plus à avoir peur de lui et vous pourrez aller de l'avant», a déclaré Hillary Clinton comme pour apaiser les inquiétudes formulées par Mahmoud Jibril. «Je ne pense pas qu'il puisse se calmer avant de faire quelque chose... Il fera l'impossible pour détruire tout nouveau système en Libye», a souligné convaincu, le chef de l'Exécutif du CNT. Décidément, le fantôme de Mouamar El Gueddafi continue de hanter les esprits des actuels hommes forts de Tripoli. 42 années d'exercice du pouvoir, sans partage, laissent forcément des traces...