L'ex-entraîneur national pense que d'autres personnes sont derrière le complot qui s'est tramé contre lui. «Si je suis revenu en Algérie, c'est parce que j'ai eu comme interlocuteurs deux hommes de grande valeur, à savoir le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Abdelmalek Sellal et le président de la FAF, M.Omar Kezzal». Rabah Madjer revient sur cet épisode qui l'a vu accepter de reprendre en main l'équipe nationale de football en 2001 alors qu'il exerçait au Qatar. C'était au lendemain d'une cuisante défaite de l'EN (5-2) en Egypte pour le compte des éliminatoires de la Coupe du monde 2002. «C'est M.Kezzal qui avait été le premier à me contacter. Le ministre a pris le relais et je tiens à dire qu'il a su se montrer convaincant pour que j'accepte le poste. Seulement, j'étais, encore, lié avec mon club et je ne pouvais l'abandonner du jour au lendemain. En outre, il y avait le contrat que je devais discuter et là je vous informe que presque tout s'est fait par l'intermédiaire du MJS. Nous correspondions par fax et apportions des correctifs au texte, en relation, bien sûr, avec la FAF». C'est que Madjer avait, encore, en travers de la gorge le fameux épisode de 1999 lorsque la Fédération avait fait appel à lui pour prendre la succession du duo Saâdane-Charef. Le contrat, liant les deux parties, avait été signé mais s'était heurté au refus du ministre de la Jeunesse et des Sports de l'époque, M.Aziz Derouaz. Malgré toutes ses démarches, Madjer n'avait pu obtenir gain de cause. Aussi, ayant été invité à venir s'exprimer sur un plateau de la télévision, il n'avait pas hésité à froisser, en direct, devant des millions de téléspectateurs le fameux contrat. «Cette scène n'avait pas plu à un certain nombre de personnes. Je suis sûr, maintenant, que l'actuel responsable de la FAF n'est qu'un simple exécutant. Ce sont ceux qui n'avaient pas apprécié mon acte sur le plateau de télévision qui l'ont actionné pour me limoger». Une fois installé à la tête de l'équipe nationale, Madjer avait entrepris un travail de réorganisation avec l'appui du groupe Khalifa. Sur ce point il a été catégorique: «Puisque vous me donnez l'occasion de m'exprimer, je tiens à vous informer que j'ai trouvé en ce groupe une véritable fédération. C'est le groupe qui prenait en charge mon salaire et qui m'aidait. Il m'avait, en outre, octroyé trois véhicules mais je n'en avais pris qu'un seul au bénéfice du secrétariat de l'EN. De mon côté, j'utilisais mon propre véhicule, je payais l'essence de ma poche, de même que le téléphone portable sans jamais demander un sou à la FAF». Les prémices de la déstabilisation, Madjer les a ressentis avec le départ de Sellal du ministère de la Jeunesse et des Sports. «Oui c'est vrai, je savais qu'avec le départ de M.Sellal les problèmes allaient commencer pour moi. J'en veux pour preuve les premières déclarations du nouveau ministre des Sports, M.Berchiche, qui affirmait qu'il me reconnaissait en tant que grand joueur mais doutait de mes capacités à entraîner l'EN. Un peu plus tard, le MJS était intervenu pour revoir le contrat qui me liait à la FAF. Ce qu'il voulait c'était enlever le cachet et la signature du responsable du ministère du document. Tout allait dans le sens d'un plan concocté sur mon dos». Après Sellal, qui partait du MJS, ce fut au tour de Kezzal de quitter la scène de la FAF pour céder la place à Mohamed Raouraoua et à son équipe. Madjer nous apprend qu'il ne connaissait pas trop le nouvel arrivant. Pourtant, il avait déjà été membre du bureau fédéral dans les années 80 au moment où lui était l'un des joueurs vedettes de l'EN. «Il a été membre de la Fédération? Sincèrement, vous me l'apprenez, c'est vous dire qu'il n'était pas tellement connu». Toujours est-il qu'au départ de leur collaboration, on n'avait pas l'impression que tout allait tourner au vinaigre. «Petit à petit, j'ai senti qu'on cherchait à me gêner dans mon travail. On voulait me pousser à bout pour que je commette une faute. C'est ainsi qu'un jour on m'apprend par correspondance que l'indemnité journalière de 1000 dinars lors des stages de l'EN n'était plus accordée qu'aux joueurs. Plus aucun membre du staff technique, administratif et médical n'y avait droit. Un autre jour, on m'avait demandé de restituer le véhicule de service alors que ce véhicule m'avait été octroyé par le groupe Khalifa dont les responsables, et je tiens à les en remercier, m'avaient dit de demander ce que je voulais». Mais alors, pourquoi, ne l'a-t-on pas limogé au lendemain de la CAN 2002 au cours de laquelle l'EN s'était fait éliminer dès le premier tour? «Parce que le responsable de la FAF n'avait pas été actionné par ceux qui n'avaient pas aimé que je froisse mon contrat, en direct à la télévision, en 1999». Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est après que l'EN ait réussi à produire l'un de ses meilleurs matches que l'on a opté pour son renvoi. C'était à la veille de la phase finale de la Coupe du monde 2002 et l'EN venait de tenir en échec chez elle l'EN de Belgique, une équipe qui s'apprêtait à disputer le fameux mondial et qui quelques jours, après avoir rencontré les Verts, s'était permise d'aller battre l'équipe de France, championne du monde en titre, sur son propre terrain. «Au lendemain de la CAN 2002, j'avais décidé de reconstruire un groupe. Je pense que j'étais dans le bon chemin lorsque tout a été cassé. Oui je le dis, on a cassé l'EN et empêché d'aller de l'avant, tout cela pour des histoires personnelles, pour des futilités. On a fait reculer notre équipe nationale de plusieurs crans uniquement par animosité envers quelqu'un qu'on jalousait et qu'on n'avait pas envie de voir réussir. Aujourd'hui, on se permet d'affirmer que l'on n'a pas d'équipe et qu'il n'y a pas lieu de s'attendre à un miracle lors de la CAN 2004. En tout cas je savais bien, avant le match contre la Belgique, qu'on me préparait un sale coup. Un des membres du bureau fédéral avait rencontré un de mes collaborateurs et lui avait conseillé de me pousser à la démission sinon j'allais être limogé. A Bruxelles cette menace s'était confirmée car, aussi bien avant le match qu'après, et cela malgré le très bon résultat, nous n'avons reçu la visite d'aucun responsable de notre football». La suite, on la connaît avec cette rupture unilatérale de la part de la FAF et ce procès intenté par Madjer qu'il vient d'ailleurs de gagner. «Je respecte le verdict de la commission arbitrale du sport algérien. Je tiens à remercier tous ses membres pour le travail qu'ils ont accompli. L'affaire est maintenant entre les mains de mes avocats qui vont rencontrer ceux de la fédération pour s'entendre sur les modalités de paiement. Je n'ai trahi personne. Le jour où j'ai été reçu pour la dernière fois par le responsable de la FAF et qu'il m'avait menacé de sanctions, je l'avais mis en garde tout en faisant référence aux clauses du contrat. Je lui avais demandé de réfléchir avant d'agir. Il a fait tout le contraire».