«On ne peut dire tout à la télévision parce que tout le monde regarde» Coluche Comme la politique, le paysage audiovisuel tunisien ne cesse de se développer à une vitesse vertigineuse. Après l'annonce du lancement de cinq nouvelles chaînes de télévision en Tunisie, voici qu'une nouvelle chaîne privée est annoncée pour le début de 2012. Cette nouvelle venue dans le champ audiovisuel carthaginois appartient à l'homme d'affaires Abdelhamid Ben Abdallah. Son lancement a été annoncé mardi 18 octobre 2011, lors d'une conférence de presse en présence d'un nombre considérable de médias nationaux et internationaux. La chaîne s'appellera sobrement Tounesna TV (Notre Tunisie). Mais cette ouverture audiovisuelle ne s'est pas faite sans ambages, puisque, curieusement, la fréquence sur laquelle elle est installée sur Nilesat appartenait à une télévision privée Attouounsiya qui a été créée par le producteur et animateur Sami Fehri de Cactus Prod en partenariat avec des investisseurs jordaniens. La chaîne a été brutalement fermée en silence, suite à une décision prise par l'Etat tunisien, majoritaire dans le capital d'Attounissia TV. Ben Abdallah affirme pour se dédouaner que le jour même de la fermeture de la chaîne de Fehri, les Jordaniens reçurent quatre autres demandes de reprises du canal de Nilesat. Mais la chaîne de Sami Fehri «Attounissia TV» devait reprendre sa diffusion à partir du 22 octobre 2011 avec une nouvelle fréquence: Nilesat 12.398 Horizontal 27.500. A la demande du chargé des contentieux de l'Etat, Sami Fehri s'est tenu de fermer le 8 octobre dernier ses studios de production et la chaîne TV Attounsia. Cette décision fut prise à la suite de la rediffusion d'un programme sur la chaîne avec l'intervention d une personnalité politique, cette diffusion intervenait en pleine campagne électorale (du 1er au 23 octobre 2011). Lors d'une interview sur la radio Express FM, Sami Fehri exprime son indignation vis-à-vis des décisionnaires et dénonce une véritable machination à son encontre. Il est clair que l'émergence de Sami Fehri, véritable homme de télévision, n'est pas appréciée par les autres propriétaires de télévisions publiques et privées. La réalisation d'une émission mettant en scène des Guignols de l'info à la tunisienne n'a pas été du goût de certains hauts cadres de l'Etat tunisien. A commencer par le Premier ministre tunisien qui a indirectement ordonné la fermeture de la chaîne pour non-respect des règlements de l'audiovisuel lors de la campagne électorale. Sami Fehri critique Ben Abdallah l'homme d'affaires tunisien, affirmant que ce n'est pas un homme de médias, mais un opportuniste qui cherche à diversifier ses secteurs d'activité. En effet, Abdelhamid Ben Abdallah a de l'ambition politique, il est à la tête d'une liste indépendante «Irada wa Tanmya» candidat aux élections du 23 octobre dans la circonscription de Nabeul. Abdelhamid Ben Abdallah a occupé plusieurs postes au sein des entreprises privées en Tunisie et en France et a travaillé en tant que conseiller juridique à l'Institut du Monde arabe (France). Sa télévision lui servira de rampe de lancement dans sa carrière politique dans un pays en panne de règlement dans le domaine audiovisuel et qui fait face à une véritable bataille du petit écran entre groupes privés et chaînes publiques. [email protected]