Le président de la République sahraouie, Mohamed Abdelaziz, a lancé un appel à la communauté internationale pour condamner cette prise d'otages attribuée aux éléments d'Aqmi. Que cache ce type d'acte terroriste? La lettre adressée par le président sahraoui au secrétaire général de l'Organisation des Nations unies donne des indices de son objectif inavoué. «Cette attaque terroriste contre de paisibles camps où vivent des réfugiés sahraouis pacifistes, femmes, enfants, personnes âgées, handicapées, représentants d'organisations internationales et d'ONG, travaillant dans le domaine humanitaire, vise à intimider les coopérants étrangers, altérer la solidarité internationale avec la cause de ces réfugiés, mais aussi à serrer l'étau sur eux et en les privant de l'aide humanitaire internationale», souligne la missive destinée à Ban Ki-moon par le SG du Front Polisario, qui a appelé la communauté internationale à «hâter la condamnation de ce lâche attentat, de se solidariser, d'aider et de soutenir le peuple sahraoui et le Front Polisario pour faire face à un tel acte terroriste». Un message de la même teneur a été destiné à l'UA (l'Union africaine). Le MAE, qui s'est montré prudent, a condamné fermement l'attaque qui a ciblé le camp de Rabouni. «Je confirme l'information mais je préfère m'abstenir, pour le moment, de tout commentaire en attendant de disposer d'éléments d'information vérifiés sur les ravisseurs ainsi que sur leurs motivations», a déclaré son porte-parole Amar Belani. L'enlèvement des trois travailleurs humanitaires européens dans un camp de réfugiés sahraouis situé à 30 km de Tindouf réactive la question de la mobilisation internationale autour des rapts d'étrangers -qui s'accompagnent de demande de rançons qui servent à alimenter les caisses de la nébuleuse islamiste- et les trafics en tous genres (armes, drogue, blanchiment d'argent...). Hasard de «calendrier», l'attaque terroriste contre le camp de réfugiés sahraouis qui a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche (Voir l'Expression du 24 octobre) a précédé les arrivées du secrétaire d'Etat adjoint pour les Affaires du Proche-Orient, Jeffrey Feltman, qui est à Alger depuis le 23 octobre pour un séjour de deux jours et celle du président malien Amadou Toumani Touré qui a atterri vingt-quatre heures plus tard sur le tarmac de l'aéroport Houari-Boumediene dans le cadre d'une visite officielle qui durera quatre jours. Leurs rencontres respectives, programmées avec les responsables algériens, dont le chef de l'Etat, M. Abdelaziz Bouteflika, ne sont certainement pas annonciatrices de jours paisibles pour les groupes terroristes inféodés à Al Qaîda dont les coups d'éclat spectaculaires en plus de leur permettre de vivoter, leur assurent une audience internationale inespérée. Et c'est probablement le but essentiel recherché par la nébuleuse islamiste qui doit son essence à ce type d'opération. Des visites certes programmées, qui s'inscrivent dans le contexte de la crise libyenne dont le premier épilogue s'est achevé par la mort de Mouamar El Gueddafi. Ses conséquences par contre portent les germes d'une déstabilisation latente de la région du Maghreb qui pourraient faire la part belle aux groupes terroristes de la branche maghrébine d'Al Qaîda qui ont élu domicile au Sahel. Disposant d'une logistique impressionnante (véhicules, armes, moyens de communication ultra-modernes et sans doute d'appuis de populations locales), ils sont en mesure de faire des incursions dans les pays frontaliers qui leur servent aussi de bases-arrière (Mali, Niger...) pour accomplir avec une relative facilité et sans subir de revers leurs forfaits. La riposte s'annonce implacable. Le Front Polisario, qui s'est retrouvé en première ligne après l'attaque du camp de réfugiés sahraouis près de Tindouf qui s'est soldée par le rapt de trois travailleurs humanitaires (deux Espagnols et une Italienne), mène la traque contre leurs ravisseurs et a pris «toutes les mesures» pour les ramener «sains et saufs», a déclaré à la presse Mohamed Akiek, le directeur sahraoui de la sécurité.