«La démocratie, c'est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple.» Abraham Lincoln Avant même la montée en puissance d'Ennahda, Nessma TV, la chaîne qui a osé dénoncer la montée de l'islamisme politique en Tunisie, risque des poursuites judiciaires. La première audience réservée à l'affaire portée par le ministère public, plus de 144 avocats ainsi qu'un nombre de citoyens se sont portés partie civile contre la direction de la chaîne de télévision privée «Nessma TV» suite à la diffusion du film contesté Persepolis. L'audience est fixée à la mi-novembre. En revanche, la demande présentée par un parti politique exigeant l'arrêt provisoire des émissions de Nessma TV jusqu'à la fin des préparatifs des élections de l'Assemblée constituante, a été déboutée deux jours avant le scrutin par la chambre du tribunal de première instance de Tunis statuant en référé. Dans ses programmes Nessma TV est apparue très discrète face aux résultats d'Ennahda et tente de récupérer l'audience perdue suite à cette affaire. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, puisque Hechmi Haamdi, le présentateur vedette de la chaîne «Al-Moustakilla» et qui a fait campagne depuis Londres vient d'être élu à Sidi Bouzid, ville symbole de la révolution. M. Haamdi aurait même obtenu des scores à 90% dans certains bureaux de vote (Ksar Hammam) dans la campagne de Sidi Bouzid. Sa liste est aussi classée deuxième à Kasserine, ville limitrophe de Sidi Bouzid ayant payé le plus lourd tribut de sang pendant le soulèvement en janvier. Tête de liste d'Al Aridha Chaâbia (pétition populaire pour la liberté, la justice et le développement, l'homme est natif de cette ville déshéritée du centre-ouest du pays. Ancien islamiste, l'homme est connu à travers "Al-Moustakilla", sa chaîne de télévision émettant par satellite depuis Londres et bien suivie en Tunisie. Il a dénoncé le black-out des médias tunisiens affirmant avoir arbitrairement été écarté de la campagne et privé de s'adresser aux Tunisiens depuis Tunis. Mais des procédures ont été lancées pour invalider les listes d'El Aridha de Hachemi El Hamdi, a indiqué le candidat Doustourna Jawhar Ben Mbarek sur Mosaïque FM. Il accuse Hachemi El Hamdi de n'avoir pas respecté ni l'éthique ni la réglementation durant la campagne électorale. M. Ben Mbarek a indiqué qu'il est indécent que l'on fasse exclusivement sa campagne depuis l'étranger. Il a également rappelé l'historique de Hachemi El Hamdi et ses éloges pour Ben Ali et son épouse. Sur le plan de la réglementation, Hachemi El Hamdi a bien violé les lois en vigueur en utilisant sa chaîne de télévision londonienne El Moustakilla pour sa campagne et son image. L'Isie (Instance de surveillance des élections) a été la première à relever que Hachemi El Hamdi a violé la réglementation en utilisant sa chaîne de télévision pour la campagne électorale, mais elle n'a entrepris aucune démarche pour remettre les choses à leur place bien que son constat ait été relevé avant l'élection du 23 octobre. La vie audiovisuelle en Tunisie ne se limite pas à la conception des programmes, elle vise également à profiter au maximum des libertés offertes par la démocratie. [email protected]