L'hommage rendu à la Saoudienne Malha Abd Ellah Marie El Mazhar Expérience, empreinte et partage, tel est le nom du colloque qui s'est ouvert mardi dernier à la Maison de la culture Taous-Amrouche de Béjaïa et s'achèvera aujourd'hui. Intéressant, bien que loin d'être exhaustif, est ce colloque qui s'est ouvert mardi matin à la Maison de la culture Taous-Amrouche de Béjaïa. Il a été l'occasion de rendre hommage en préambule à la grande dramaturge et critique de théâtre saoudienne Malha Abd Ellah Marie El Mazhar qui a déjà écrit toute une encyclopédie en deux tomes sur la logique de la critique théâtrale. Présidée par Hassan Tlilani de l'université de Skika cette matinée a eu à vivre l'intervention de trois personnes aux approches analytiques bien différentes bien qu'elles se se rejoignent. «Retour à l'origine et son identification dans les expériences du théâtre arabe», a été le thème abordé par le Jordanien Mansour Amaira, auteur entre autre de deux romans, Prison en verre et L'odeur de la terre. Evoquant le théâtre arabe des années 1960, celui qui s'est basé sur l'inturodction patrimoine (Garagouz, goual, taâlil, halka): Il citera deux noms, Youssef Idris et Tewfiq El Hakim comme modèles de référence et rappelé la pensée de ce dernier selon laquelle il importe peu d'utiliser la forme occidentale pourvu qu'on y distille nos idéaux et notre culture arabe. Aussi, le théâtre serait-il dangereux s'il devait aborder des sujets politiques? s'interroge-t-on. Le théâtre selon l'intervenant se doit de défendre ainsi une cause humaine, une identité d'un peuple. Il donnera pour exemple le théâtre populaire d'Abdelkader Alloula qui se préoccupe des problèmes de la cité et devient ainsi par ses inquiétudes partagées avec le reste des pays arabes non pas local ou national mais plutôt universel. Pour sa part la Saoudienne sur laquelle on n'a pas tari d'éloges a développé une théorie un peu obscure mais qui a le mérite d'exister. Une analyse qui s'est avérée «logique» finalement bien que trop généraliste. Son nom? La cinquième dimension dans la perception dans le théâtre. Pour cette dame le théâtre arabe qui, se basant sur l'écoute en raison de sa culture orale, aidée par le jeu des acteurs, la scénographie et la musique et la lumière dénote d'une certaine «platitude» laissant finalement place à un spectateur presque passif qui reçoit le message avec simplicité. «Il reçoit sans analyser», dit-elle. Une contradiction dans le fond surtout si l'on prend en considération la dimension cultuelle du public, car celui est multiple et non pas une seule personne. «Le théâtre est un discours qui prend en considération la psychologie du récepteur», dit-elle. Or, comme dira cet éminent chercheur koweïtien il y a plusieurs publics comme autant de nombreux spectateurs. En somme, pour notre valeureuse Saoudienne, l'imaginaire chez le public arabe est nourri par le trop plein de données utilisés sur scène sans laisser place à la suggestion. Un théâtre sommaire donc. Cela s'appliquerait peut être à certains pays du Golfe, mais au Maghreb, le théâtre connaît une certaine évolution. D'où le mécontentement qui a suivi, pensons-nous dans la salle. Pour le Marocain Azeddine Bounit, quant à lui, déterminer l'origine du théâtre arabe se situe non dans sa globalité mais plutôt dans sa fragmentation arguant que ce dernier a connu plusieurs ruptures. Il tâchera aussi de rectifier certaines erreurs préconçues selon lesquelles le théâtre arabe est un et indivisible. Il donnera pour exemple le théâtre égyptien qui a pris son essor dans les cabarets, contrairement à celui du Maroc. «Le théâtre de Kateb Yacine est aussi entré en prison. Kateb Yacine a pris sa valise et il est parti en France», soulignera M. Tlilani pour étayer cette argumentation. «Pourquoi parle t-on d'origine au cinéma? Car ce dernier est apparu en même temps partout. Ce n'est pas le cas du 4e art», expliquera M. Bounit. Apposer une telle approche historique sur le théâtre arabe, équivaut selon notre conférencier à faire attention et bien mettre l'accent sur le distinguo entre les différents pays arabes tout comme les époques. «L'histoire c'est avant tout des ruptures tout comme le théâtre est un phénomène historique qui évolue en connaissant une série de ruptures. Le théâtre est devenu plus un discours. C'est aujourd'hui une histoire d'idéologie». M. Azzeddine Bounit arrivera à la conclusion qu'il n'y a pas un théâtre arabe mais des expériences théâtrales abordant des thèmes différents et appartenant à des courants bien spécifiques. Des assertions à prendre avec un esprit d'ouverture car comme dira M. Noual: «On est là pour apprendre de vous et avec vous, dans la logique du questionnement et du partage.»