La Coordination interwilayas est-elle réellement indépendante? Sa position à l'égard des partis forts en Kabylie ne rappelle-t-elle pas l'histoire de la chèvre et du chou? Le dernier conclave de l'interwilayas qui s'est tenu à Akbou n'avait traité que les deux points inscrits à l'ordre du jour. L'insistance de certains délégués pour inscrire un autre point relatif aux perspectives d'avenir a été vaine. Ce refus d'aborder les perspectives au moment où le mouvement a plus besoin d'un deuxième souffle cache mal les divergences qui minent les animateurs. Nées dans le feu de l'action pour certains et durant les événements qui continuent de secouer la région de Kabylie, les coordinations communales et ârchs avaient, à l'origine, l'objectif de canaliser le mouvement en direction d'actions pacifiques et d'enclencher une dynamique de solidarité qui a caractérisé la structure sociale kabyle depuis des millénaires. Les partis n'étaient pas épargnés sur le plan de la critique. Presque à chaque réunion leurs élus étaient montrés du doigt et leur gestion décriée. Dans certaines localités leurs locaux étaient même la cible des émeutiers. Avec le temps, ces structures traditionnelles se sont quelque peu métamorphosées. Les premiers animateurs se sont retirés soit pour des raisons professionnelles, familiales ou autres et ont été remplacés par de nouveaux animateurs. Plusieurs actions ont été alors organisées. On citera les plus importantes qui avaient eu lieu à Alger. Ces marches avortées ont mis à nu des insuffisances criantes en matière d'organisation. Les élus et responsables du FFS et du RCD ont toujours répondu présents durant les moments les plus cruciaux pour apporter assistance aux marcheurs. Ces mêmes partis politiques, hier, montrés du doigt et traités de tous les noms d'oiseaux sont aujourd'hui remerciés et félicités pour leur soutien au-delà de leur apport au mouvement qui était au demeurant réel, il y a lieu ici de relever que les nouveaux animateurs étaient de par le passé connus pour leurs activités partisanes au sein des deux ailes du MCB et, par conséquent, dans les rangs des deux formations politiques d'où une certaine influence qui fait son apparition ces derniers temps. Pour certains observateurs, cela signifie tout simplement la reprise en main du mouvement par le FFS et le RCD. Si certains voient cela d'un bon oeil et signifie pour eux une certaine union par la base, pour d'autres, il mène directement vers l'essoufflement du mouvement et sa division au vu du large fossé qui sépare ces deux formations politiques. Dans l'ensemble cette situation était prévisible dès le départ, car l'importance de ce mouvement dont l'ampleur dépasse toutes les prévisions, ne pouvait certainement pas échapper aux convoitises des politiques. Pour les citoyens de Kabylie, ils sont tout simplement divisés. L'histoire du MCB étant encore présente dans les esprits, c'est tout le spectre de la division qui est redouté. Lors d'une réunion, un animateur, n'a-t-il pas prévenu ses pairs contre «la trahison acte II», une phrase qui n'a pas manqué de provoquer un rappel à l'ordre.