La Grande-Bretagne a défendu mardi la liberté d'expression sur le Web, tout en réclamant des règles pour éviter que la criminalité et l'espionnage s'y répandent, à l'ouverture d'une conférence internationale sur l'Internet à Londres. Quelque 900 délégués sont rassemblés pour cette grand'messe, dont des représentants des principaux acteurs de l'Internet - Google, Facebook ou Microsoft - ainsi que des spécialistes de la cyber-sécurité et de la lutte contre la cyber-criminalité. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a dû en revanche annuler au dernier moment sa venue, en raison du décès de sa mère. « Notre tâche aujourd'hui est de trouver un équilibre. Nous ne pouvons pas laisser le web grand ouvert aux criminels et terroristes qui menacent notre sécurité et notre prospérité», a souligné le Premier ministre David Cameron devant les représentants de quelque 60 pays. Il a estimé le coût de la criminalité sur le net à 1.000 milliards de dollars globalement, et 27 milliards de livres par an pour le seul Royaume-Uni. M. Cameron a pointé du doigt non seulement les individus qui piratent des numéros de carte bancaire sur la Toile, mais aussi «des tentatives à l'échelle industrielle pour voler des informations qui intéressent aussi bien des entreprises commerciales que des Etats». «Ce n'est pas acceptable», a souligné M. Cameron, sans toutefois citer nommément un Etat. La Chine et la Russie, présents à la conférence, sont soupçonnées de mener de telles attaques via le web. Lundi, la conseillère du Premier ministre britannique pour la sécurité sur internet Pauline Neville-Jones, a estimé que Pékin et Moscou « font certainement partie» des «acteurs majeurs» dans ce domaine. Le ministre des Affaires étrangères William Hague avait en ouverture de la conférence de 48 heures à Londres mis en garde contre les restrictions de la liberté des internautes. «Nous devons aspirer à un avenir où l'Internet ne sera pas étouffé par le contrôle des Etats et la censure, mais où l'innovation et la compétition prospèrent et où l'investissement et l'esprit d'initiative sont récompensés», avait-il souligné. Le vice-président américain Joe Biden, s'exprimant par vidéo-conférence, a renchéri, mettant en garde «les pays qui essaient à la fois d'avoir un internet fermé à la liberté d'expression mais ouvert aux affaires». Les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, très prisés des manifestants, ont été l'un des vecteurs du «printemps arabe». Pendant les troubles cet été au Royaume-Uni, les émeutiers avaient également fait un usage intensif des réseaux sociaux et de la messagerie cryptée des téléphones portables Blackberry. Le Premier ministre britannique David Cameron avait alors évoqué la possibilité de suspendre leur utilisation, lorsqu'ils sont employés à des fins criminelles. William Echikson, responsable de la liberté d'expression chez Google pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique du nord, a souligné lors d'un débat que les efforts pour restreindre la liberté sur internet n'émanaient pas seulement de pays non démocratiques. La liberté d'expression «est menacée bien plus près de nous en Europe. Plus de 60 pays imposent des contrôles sur le net, contre seulement deux il y a dix ans», a-t-il noté. Le Royaume-Uni espère déboucher sur des règles de base, y compris sur l'accès universel à la Toile et le recours à des actions «proportionnées» de la part des gouvernements. William Hague a annoncé qu'une conférence de suivi se tiendrait en Hongrie en 2012, puis en Corée du Sud en 2013.