C'est devenu, maintenant, une très fâcheuse habitude. A chaque fête de l'Aïd, la plupart des commerces sont fermés et ne reprennent leur activité que trois jours, voire une semaine plus tard parfois! Pour les citoyens de la capitale qui pointent un doigt accusateur en direction des aides du ministère du Commerce, ces fermetures récurrentes, en même temps qu'elles les pénalisent, les obligent souvent à effectuer plusieurs kilomètres pour pouvoir boire un café, acheter du lait ou du pain Pourtant, les responsables du secteur promettent à chaque fois d'y remédier en obligeant, selon un planning préalablement établi par les services dûment mandatés et approuvé par l'Union générale des commerçants et artisans Algérois, les commerçants de ne pas baisser rideau durant les jours fériés. Peine perdue car ni les uns, ni les autres n'ont tenu leurs engagements. La veille de l'Aïd El Fitr, lors d'une réunion qu'elle avait programmée à cette intention, l'Ugcaa avait annoncé, à grands cris, qu'elle allait mettre de l'ordre dans la maison en sommant les commerçants de respecter scrupuleusement le calendrier des permanences qu'elle avait arrêtées. A leur grande stupéfaction, les citoyens avaient, le jour de l'Aïd, trouvé la plupart des commerces fermés. Certains propriétaires ont pris de court tout le monde en baissant rideau deux jours avant. Que ce soit au niveau des grandes artères ou dans les quartiers populaires, rares les commerçants qui avaient ouvert durant l'Aïd. Devenue une ville fantôme, Alger avait perdu, le temps d'une fête, son statut de capitale. Les boulangers et autres magasins d'alimentation générale qui avaient fait honneur à leur métier en ouvrant dimanche et lundi n'étaient pas très nombreux. Afin de satisfaire les nombreux clients et leur éviter d'éventuels désagréments, les premiers ont été obligés d'ouvrir très tôt le matin. A six heures, il n'y avait plus de pain exposé à la vente. Rompus à cette pratique, de petits débrouillards ont acheté de grandes quantités de pains qu'ils ont revendues, ensuite, à 15 DA la baguette. Un commerce très juteux qui leur a permis, en l'espace d'une heure ou deux de ramasser un joli pactole. Bons joueurs et faisant contre mauvaise fortune bon coeur, les clients, en majorité des pères de famille, indiquent qu'ils n'avaient pas le choix et que le plus important pour eux c'était de se procurer du pain. Le manque de lait a, lui aussi, pénalisé les ménages avant, pendant et après les jours de l'Aïd. Seuls les lève-tôt sont parvenus à en acheter, prenant parfois jusqu'à dix sachets d'un litre par personne! Pour les étrangers et les voyageurs qui ont voulu observer une halte à Alger soit pour siroter une limonade ou pour se restaurer, ils ont dû vite déchanter à la vue de tous ces cafés et restaurants fermés. Certes, les restaurants des grands hôtels fonctionnent tous les jours de l'année, mais les prix affichés ont tôt fait de les décourager. Même les pizzerias et les gargotes et autres lieux où l'on se rend parfois pour manger un sandwich, sont restés désespérément clos. Le ministère du Commerce et l'Union générale des commerçants et artisans algérois doivent revoir leur copie en mettant en place une réglementation plus rigoureuse pour protéger le consommateur et en finir avec cette anarchie qui n'a que trop duré. Après tout, le client n'est-il pas toujours roi?