Photo : S. Zoheir Par Bahia Aliouche L'encadrement de certaines activités commerciales (grandes surfaces, boulangeries… etc.) durant les week-ends, les congés annuels, les fêtes nationales et religieuses se fait désirer, en Algérie et plus particulièrement à Alger. Le citoyen fait face durant ces jours exceptionnels, notamment durant l'Aïd, à une pénurie de pain, de lait, de fruits et légumes et de carburant. Une pénurie provoquée par certains commerçants et prestataires de services qui imposent leur propre loi, en procédant à la fermeture, sans préavis, de leur commerce, en ces périodes de fêtes, voire des jours après. L'absence d'une réglementation régissant l'exercice des activités commerciales, durant les week-ends, les congés annuels, les fêtes nationales et religieuses favorise pleinement l'anarchie dans la sphère commerciale. En effet, certains commerçants se dégagent de toute responsabilité quant à l'assurance, du moins, du service minimum en ces périodes exceptionnelles. Ces commerçants ainsi que les prestataires de services disent qu'ils ne peuvent pas se priver du droit de passer les fêtes en famille. «Je ne vous cache pas, durant les jours de l'Aïd, je ferme mon commerce», nous confie un boulanger à Alger-Centre. Et d'expliquer : «80% de mes ouvriers ne sont pas de la capitale, donc je ne peux pas les priver d'aller passer la fête de l'Aïd avec leurs proches.»Un autre boulanger à la rue Hassiba Benbouali d'Alger nous assure que le pain sera disponible, durant le premier jour de l'Aïd : «Le pain sera vendu, très tôt le matin, c'est-à-dire avant la prière de l'Aïd», nous a-t-il dit avant d'indiquer : «Après la prière, je ferme ma boulangerie, pour fêter l'Aïd, comme tout citoyen.»Habitués à une telle situation, les citoyens s'approvisionnent donc à l'avance en produits alimentaires de base.Rencontrée à la rue Hassiba Benbouali, une trentenaire accompagnée de son mari, nous dit, à ce propos : «Nous assistons à chaque fête de l'Aïd, au même scénario qui est la pénurie de lait et de pain», avant d'ajouter : «Puisque les boulangeries ferment les jours de l'Aïd, je ne trouve de solution que dans la préparation du pain traditionnel (le matloue).» Et d'ajouter : «Concernant le lait, j'en achète en plus, pour le stocker, sinon je me retrouve dans l'obligation d'acquérir du lait en poudre, bien que cher.»Ce sont, donc, des solutions auxquelles la quasi-totalité des citoyens recourent. Le mari de cette femme est, quant à lui, intervenu pour nous dire : «80% des boulangeries de la capitale ferment les jours de l'Aïd et c'est irresponsable de leur part. Idem pour les commerçants d'alimentation générale.» Et de s'interroger : «Pourquoi les hautes instances du pays n'obligent pas ces commerçants, en vertu d'une loi, d'assurer du moins le service minimum durant et après les fêtes nationales et religieuses ?»Il faut rappeler, à ce titre, que le ministère du Commerce avait proposé un projet de décret exécutif régissant la fermeture des commerces, durant le congé hebdomadaire et/ou annuel, conformément à l'article 22 de la loi 04-08 du 14 août 2004, sur les conditions d'exercice des activités commerciales. Les dispositions de ce projet de décret exécutif concernent les personnes exerçant une activité commerciale qui répond aux besoins quotidiens de la population, en garantissant la continuité des activités commerciales durant les week-ends, les congés annuels, les fêtes nationales et religieuses. Lequel projet de loi, selon M. Salah Souileh, secrétaire général de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), n'a pas encore vu le jour. De ce fait, «nous continuons à solliciter les pouvoirs publics pour promulguer une loi dans ce cadre», nous indique M. Souileh.A la question sur les actions menées par l'UGCAA dans ce sens, à l'approche de l'Aïd el Fitr, M. Souileh nous a annoncé qu'un plan de travail a été élaboré par l'UGCAA en collaboration avec le ministère du Commerce, en vue de recenser les boulangeries et alimentations générales de chaque quartier de la capitale. L'objectif étant de mettre en place un système de permanence, à l'instar de ce qui se fait pour les pharmaciens, et ce, afin d'assurer le service public aux habitant des quartiers et pourquoi pas aux personnes qui sont de passage.