Ils avaient la mer, le soleil brûlant, la famille, le khat, les kalachnikov et les guerres de clans. Arrêtés pour piraterie, ils sont 22 jeunes Somaliens dans les prisons françaises, où ils ontdécouvert la «psychose carcérale due à la solitude et au déracinement». Ce diagnostic a été posé pour l'un des six accusés qui vont comparaître à partir de mardi à Paris pour la prise en otage d'un couple de Français en septembre 2008 à bord du voilier le Carré d'As, au large de la Somalie. Tout en donnant, occasionnellement peut-être, dans la piraterie maritime, le jeune homme de 32 ans était vendeur de khat, plante euphorisante très prisée dans la région. Depuis son incarcération, il a mis le feu plusieurs fois dans sa cellule, a connu délires et hallucinations... Un de ses co-accusés souffre lui de dépression et prend des tranquillisants. Et les autres font «contre mauvaise fortune bon cœur», selon un de leurs avocats. Comme leurs six compatriotes arrêtés en avril 2008 pour la capture du voilier Le Ponant, les trois poursuivis pour celle du Tanit et les sept de celle du Tribal Kat, ils sont éparpillés dans différentes prisons. Au début, «ils étaient totalement isolés», explique Me Cédric Alépée, présent dans les dossiers du Ponant et du Carré d'As. Ils sont maintenant détenus au moins par deux, à la prison parisienne de la Santé, ou en banlieue à Fresnes ou Fleury-Mérogis, et peuvent communiquer entre eux. Beaucoup ne connaissaient que le somali, parlé par l'ethnie du même nom présente en Somalie ainsi qu'à Djibouti, au Kenya, au Yémen.