La Turquie soutient la suspension annoncée de la Syrie de la Ligue arabe, a indiqué mardi à Rabat le ministre turc des Affaires étrangères, à la veille d'une réunion ministèrielle de la Ligue pour évoquer cette sanction. «Nous estimons que c'est une décision juste», a indiqué M. Ahmet Davutoglu, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue marocain Taïeb Fassi-Fihri. Le 12 novembre, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe ont annoncé au Caire que la Syrie allait être suspendue le 16 des activités de l'organisation pan-arabe si Damas ne mettait pas fin à la répression de son opposition. Une réunion entre les pays arabes et la Turquie doit aussi avoir lieu dans la capitale marocaine au moment où Ankara a également menacé la Syrie de sanctions, notamment de lui couper l'approvisionnement en électricité. M. Fassi-Fihri a toutefois invité la Syrie à participer à la rencontre arabo-turque, en dépit de la suspension qui vise Damas: «Les portes restent ouvertes aux responsables syriens s'ils veulent participer demain au Forum», a-t-il assuré. La Ligue arabe et la Turquie se retrouvent à Rabat alors que la pression s'est accrue contre le régime de Bachar al Assad, au prise depuis huit mois avec une rébellion armée qui a touché plusieurs régions du pays. «Le régime syrien ne veut pas écouter son peuple et continue dans sa stratégie répressive», a estimé le ministre turc. Il a indiqué que son gouvernement, qui a déjà accueilli plusieurs réunions d'opposants syriens, étaient «prêts à rencontrer tous les opposants syriens et à la écouter». «Lorsque la Syrie éternue, la Turquie s'enrhume», a poursuivi M. Davutoglu en allusion à la dimension régionale du conflit en Syrie, et il a insisté sur «les relations profondes (de la Turquie) avec la Syrie et avec le peuple syrien». «Nous voulons les aider », a-t-il encore assuré, mais, selon lui, le régime du président Assad doit faire des efforts en faveur de réformes politiques. Mardi, Ankara a menacé de suspendre la fourniture d'électricité à son voisin, comme elle le fait depuis 2006 dans le cadre d'un accord d'exportation. La Syrie est très dépendante du partage des eaux de l'Euphrate qui prend sa source en Turquie, et lui fournit 60% de son énergie hydroélectrique. La Turquie a également annoncé avoir arrêté sa participation à des explorations pétrolières conjointes sur six puits en Syrie.