Elle a été toute sa vie une militante de gauche Elle avait l'art de susciter les polémiques par ses prises de position sur des sujets sensibles. C'était une infatigable voix des peuples opprimés. N'a-t-elle pas provoqué un tollé en nourrissant le projet de se rendre dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf? C'était l'une des facettes de Danielle Mitterrand, défendant les causes justes, qui vient de décéder hier à 87 ans. Elle a été toute sa vie une militante de gauche, fière de ses indignations, têtue et parfois candide. C'est ainsi que la décrivent les médias français qui ont aussi publié des hommages de toute la gauche. Toujours présente sur la scène, c'est elle qui, en 1989, a mécontenté la Chine en recevant, au siège de sa Fondation, le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains, combattu par Pékin. Elle ne s'arrête pas là. L'Afrique du Sud, l'Argentine ou la Turquie se plaignent aussi de ses prises de position. La première dame de France reste fidèle à ses idéaux et à François Mitterrand, qui la considérait comme sa conscience de gauche. La veuve de l'ancien président disparu en 1996, a multiplié les actions humanitaires à la tête de la fondation France-Libertés qu'elle présidait depuis sa création en 1986. Son objectif est clair: celui de rendre le monde plus juste. A commencer par l'accès à l'eau dont sont privés des millions de personnes. Cette avocate convaincue de l'ingérence humanitaire, s'est battue en faveur des déshérités du monde entier, notamment pour enrayer la progression du sida. C'est-à-dire tout pour indisposer des gouvernements étrangers. Au chapitre des émotions, il y a aussi l'épisode pendant lequel elle a embrassé Fidel Castro sur les marches de l'Elysée lors de la visite du chef de l'Etat cubain en 1995, provoquant une vague d'indignation. Mais elle était loin d'en être impressionnée. Celle qui est née le 29 octobre 1924 à Verdun, dans le nord-est de la France, dans une famille ancrée à gauche, rejoint la Résistance à 17 ans sous l'Occupation des divisions du IIIe Reich. Pendant cette période, elle rencontre le capitaine Morland, alias François Mitterrand, recherché par la Gestapo. Elle l'épouse à Paris en octobre 1944. Ensemble, ils auront trois garçons (Pascal décédé à l'âge de deux mois, Gilbert et Jean-Christophe). Lors de démêlés judiciaires de Jean-Christophe, elle avait hypothéqué son appartement et vendu ses meubles aux enchères pour aider son fils dont les comptes étaient bloqués. Entraînée malgré elle dans le tourbillon de la politique, elle accompagne son mari lors des nombreuses campagnes qu'il mène entre la guerre d'Algerie et 1981, et son élection à la présidence de la République. Il sera réélu en 1988. A l'Elysée, elle refuse de se laisser enfermer dans le protocole et parvient à utiliser la tribune que lui offre sa place d'épouse du chef de l'Etat pour se consacrer à la défense des droits de l'homme. En 1992, elle échappe à un attentat (avec le ministre de la Santé et de l'Action humanitaire, Bernard Kouchner) lors d'un voyage dans le Kurdistan irakien. Elle a écrit plusieurs livres, dont son best-seller En toutes libertés (1996) et Le livre de ma mémoire (2007). Elle était la soeur de la productrice Christine Gouze-Rénal, décédée en 2002 et épouse de l'acteur Roger Hanin. Sa mort n'a pas laissé indifférente la classe politique. Le candidat du Parti socialiste à la présidentielle de 2012, François Hollande, a salué une grande dame, engagée très jeune dans la Résistance, qui avait mis son courage et son immense énergie au service de la cause qui valait pour elle, celle des libertés. Le président Nicolas Sarkozy a pour sa part, salué le parcours exemplaire d'une femme qui n'abdiqua jamais ses valeurs et poursuivit jusqu'au bout de ses forces les combats qu'elle jugeait justes.