De retour des camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, la présidente de la Fondation France Liberté, Mme Danielle Mitterrand, a animé, hier matin, une conférence de presse à la Maison de la presse Tahar-Djaout d'Alger. Mme Mitterrand a profité de cette rencontre pour exposer quelques points relatifs à sa visite effectuée la semaine écoulée dans les camps sahraouis en territoire algérien. «L'essentiel de ma pensée est ceci: les Sahraouis n'acceptent pas le bafouement du processus de paix onusien, nous aussi nous ne pouvons l'accepter», a t-elle déclaré avant de poursuivre: «En 26 ans, les Sahraouis ont su éduquer et élever leurs enfants, avec l'aide humanitaire, et maintenant ils ont un Parlement, un Conseil de sages, une démocratie. Ils sont prêts à rentrer chez eux», tout en démontant certaines thèses en affirmant que «les Sahraouis ne vivent pas sous la terreur du Polisario». La présidente de la Fondation France Liberté a abordé le problème du rétrécissement de l'aide financière à ces populations. «Les Etats, a t-elle regretté, ne donnent plus d'argent à l'ONU et le Plan d'alimentation mondiale a restreint son aide aux Sahraouis qui a été ramenée à 8% des besoins actuels.» Elle s'est demandé «si les priorités en termes d'aide humanitaire sont respectées et si cette carence en argent était justifiable». Elle a réfuté le discours de certains milieux qui consiste à dire que l'aide est détournée et que les vivres n'arrivent jamais à destination. «C'est un discours erroné», a t-elle martelé, appuyant son propos par ses rencontres avec des associations humanitaires travaillant sur place. Elle a, également, fait état de ses discussions, avant-hier, avec le représentant des Nations unies qui affichait, a t-elle dit, une franche «frustration». Le travail, long et difficile, d'identification des populations dans la perspective du référendum comme stipulé dans le plan de paix onusien, est actuellement «inutile et inutilisé». Tout en se réjouissant de la libération, mardi dernier, de 24 prisonniers sahraouis par les autorités marocaines, dont Mohamed Daddach, le plus ancien des prisonniers sahraouis, Mme Mitterrand a posé la question de savoir à quelle fin significative, sinon à quelle stratégie répond cette initiative du roi Mohamed VI et si cette action ne perturbe pas le plan de paix de l'ONU dont l'étape des échanges de prisonniers entre Sahraouis et Marocains devant s'effectuer après la tenue du référendum. S'exprimant sur l'option de la «troisième voie» défendue par le royaume chérifien, l'opinion des réfugiés sahraouis, selon Danielle Mitterrand, est le refus total de cette option «qui ne répond pas aux aspirations des Sahraouis, ils ont l'impression qu'on joue avec eux au chat et à la souris», en ajoutant que dans les camps, «on ne parle que de paix, ils maîtrisent leur rancoeur face à cette situation». Réagissant à une question sur les dernières menaces du Polisario visant le rallye Paris-Dakar, elle a insisté sur le fait que parmi la population qu'elle avait rencontrée, il y avait une «force de vie» et non des menaces. «Ils aspirent à la paix», a t-elle répété, «ils ne sont pas dupes, ils sont conscients des pressions des firmes multinationales telles que Totalfina». Les missions de la Fondation France Liberté, a expliqué Mme Mitterrand, consistent en la sensibilisation de l'opinion française et internationale par rapport à la cause sahraouie: «C'est un travail de restauration de la vérité pour la concrétisation du plan de paix de l'ONU». Ces déplacements dans les camps sont une manière de «donner corps à nos objectifs et à nos actions», a t-elle ajouté. Interrogée sur ses contacts avec des associations algériennes lors de son court séjour à Alger, Danielle Mitterrand a indiqué qu'elle avait rencontré des représentants de l'association des familles de disparus, du RAJ (Rassemblement action jeunesse) et des victimes du terrorisme, le Collectif des amis des Sahraouis, etc. Elle a déclaré son plein soutien aux familles de disparus algériens en évoquant une prochaine mission en Algérie autour de ce problème. Mme Mitterrand se rendra demain au Maroc et dans les territoires sahraouis occupés et achèvera sa visite dans la ville de Lâayoune, «capitale» du Sahara occidental.