Les islamistes du Parti justice et développement (PJD) revendiquent «une victoire d'envergure» aux premières élections législatives au Maroc depuis l'adoption de réformes par le roi dans le sillage des révoltes dans le monde arabe, affirmant être à un «tournant historique». Les premiers résultats officiels des législatives qui se sont déroulées vendredi sont attendus samedi après-midi. Sans attendre la proclamation des résultats, le chef du PJD Abdelilah Benkirane s'est dit prêt à un gouvernement de coalition pour défendre «démocratie» et «bonne gouvernance». «C'est un succès. Concernant les alliances, nous sommes ouverts à tout le monde, je n'ai pas cessé de le dire», a-t-il déclaré à la chaîne France 24. Se posant d'ores et déjà comme comme le prochain chef du gouvernement, il a ajouté: «Aujourd'hui, ce que je peux promettre aux Marocains, c'est que je vais essayer, moi et l'équipe qui va travailler avec moi, d'être plus sérieux et plus rationnel». Auparavant, le chef du groupe parlementaire du PJD, Lahcen Daoudi, avait déclaré que les «données chiffrées dont nous disposons nous permettent de dire que nous aurons plus de 100 sièges» sur les 395 que compte le parlement marocain. Si cette victoire se confirme, le Maroc sera le troisième pays musulman du bassin méditerranéen à être dirigé par un parti islamiste, avec la Turquie et la Tunisie, dans l'attente des élections lundi et mardi en Egypte qui pourraient amener les Frères musulmans au pouvoir. Après la lame de fond du printemps arabe qui aura été favorable aux partis islamistes, à l'instar d'Ennahda (Renaissance) en Tunisie, les islamistes modérés du royaume chérifien (32 millions d'habitants) se voient ainsi pour la première fois dans un gouvernement qu'ils dirigeront. «C'est un tournant historique», indique pour sa part Mustapha El Khelfi, le directeur de la publication d'Attajdid, le journal du PJD. «Nous sommes sereins (...) C'est clairement un vote pour le changement», a indiqué une source diplomatique occidentale à Rabat.