Le patron de la Centrale syndicale doit rencontrer demain Ouyahia. C'est désormais officiel. Ou presque. Des sources proches de la Centrale Ugta, jointes hier par téléphone, nous ont confirmé que «les deux parties se sont entendues sur les dates des 4 et 5 septembre pour tenir la bipartite la plus attendue de toute l'histoire du dialogue social dans notre pays». Cette rencontre, qui sera l'occasion d'importantes annonces en faveur du monde du travail en attendant la tripartite qui, servira, elle, à revoir le Smig à la hausse avant la fin de l'année, sera le coup d'envoi officiel de la rentrée sociale et de la précampagne présidentielle. Inutile de dire, donc, que ni Sidi Saïd ni Ouyahia, qui donne l'air présentement de rouler politiquement pour le Président comme l'a confirmé son université d'été de ce week-end, n'ont droit à la plus infime erreur. Cette dernière risque, en effet, de leur être fatale et de profiter au maximum à leurs adversaires politiques, tous à l'affût, dans l'attente du moindre prétexte pour passer sérieusement à l'attaque. Afin que tout se passe dans les meilleures conditions, nous disent donc nos sources, «une rencontre préliminaire est attendue dimanche matin entre le Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia et le secrétaire général de l'Ugta Abdelmadjid Sidi Saïd». L'on croit savoir, à ce propos, que le locataire de la Maison du peuple compte peser de tout son poids (environ quatre millions de travailleurs) pour demander la levée des suspensions dont sont encore frappés trois parmi les six titres de presse bloqués d'impression sur instructions politiques. Des sources indiquent que «tout sera fait afin que L'Expression, Le Soir d'Algérie et Er-Raï reviennent à leurs lecteurs au plus tard lundi prochain, c'est-à-dire 48 heures avant l'ouverture de la bipartite». Les mêmes sources ajoutent que le pouvoir ne peut pas faire autrement que de s'y soumettre puisque une autre forme de pressions est également exercée sur le pouvoir pour les mêmes raisons. Un débat très chaud a lieu en ce moment au sein du mouvement des ârchs sur l'opportunité d'aller ou pas à la rencontre préliminaire du 31 août prochain alors que les «incidences» ou préalables n'ont guère été satisfaits. Il convient de souligner en ce sens que les ârchs, lors de leur dernière interwilayas, ont explicitement ajouté la levée des suspensions des journaux par le pouvoir sur la liste des préalables déjà posés. Des actions nombreuses ont même été entreprises en ce sens par le mouvement au niveau de la Kabylie. De nombreux délégués, dont les plus en vue, soutiennent mordicus qu'il est hors de question d'aller au dialogue, ni même aux rencontres préliminaires, tant que le pouvoir n'aura pas satisfait à l'ensemble des préalables. Si Ouyahia persistait dans son actuelle démarche, il risquerait d'aller droit dans le mur en se retrouvant en face de délégués que leurs pairs peuvent décréter «taïwan» comme cela a été le cas au début de l'année 2002 du temps où Ali Benflis était encore à la tête du gouvernement algérien. Le pouvoir, qui sait que désormais son temps est compté, est tenu, pour de strictes raisons électoralistes, de réussir ses dialogues avec les partenaires sociaux et le mouvement des ârchs, sous peine de se voir exclure de facto de la course à la présidentielle. Nos sources indiquent que quatre dossiers, auxquels a été adjoint un cinquième depuis le report de la bipartite, seront au menu de la rencontre de ce jeudi. Il sera notamment question de revoir à la hausse les régimes indemnitaires des corps communs de la Fonction publique, ce qui concerne environ un million de travailleurs, à en croire nos sources. Le logement, toutes formules confondues, destiné aux travailleurs, sera lui aussi au menu des débats avec la mise à l'honneur de formules comme la location-vente et le Fnpos (Fonds national de péréquation des oeuvres sociales) qui, après des débuts timides, semble avoir atteint sa vitesse de croisière. Dans tous les cas de figure, le pouvoir sera forcé de lâcher du lest aussi bien vis-à-vis de ses partenaires, dont il a un absolu besoin pour sa survie politique, mais aussi pour cesser de prêter le flanc lorsque la campagne s'échauffera assez pour permettre au premier venu d'accuser le Président, ou quelqu'un d'autre, d'être derrière la tentative d'assassinat de six parmi les plus importantes publications privées du pays.