Quand il vint se recueillir sur la tombe de Cheikh El-Moussoum, à la zaouïa de Ksar El-Boukhari, Ibn Badis a dit que la vie de ce saint transcende en un sens l'histoire. Cheikh Mohamed El-Moussoum est mort en 1883. Avec lui s'achève l'histoire des grands mystiques d'Algérie après Sidi Abderrahmane Ethaâlibi. Il fut à la fois exégète, traditionnaliste, poète ésotérique et autorité morale de l'Ordre des Chadouliyas, ayant titre de «Ghoûth», sommet de la hiérarchie des saints. Ceci donne plus de valeur aux études et travaux d'éminents chercheurs comme Dermenguen, A. Joly, Rinn et Coppolani. Cette science (Ilm) et connaissance (maârifa) ont conduit le cheikh vers les cimes de la vie spirituelle. Cheikh Mohamed El-Moussoum Ben Mohamed Ben Ahmed Ben Rokia naquit à Ghrib (1) en 1820. Sa mère, Fatma bent Larbi, appartenait à l'une des plus nobles familles du Chéliff dont Si El-Hadj Mohamed El-Ahmeur et Moulay El Arabi ben Attia, personnages célèbres du temps de l'Emir Abdelkader. Son père, Si Mohamed, descend de Cheikh Sidi Abdelaziz, de généalogie idrisside, qui fonda au XVIe siècle le Ksar de Charef dans la région de Djelfa. Cheikh El-Moussoum fut de bonne heure éveillé à la vie spirituelle. Il étudia d'abord le saint Coran, la grammaire, le droit malékite et la logique sous El Berrichi (2), puis il partit pour Mazouna, célèbre centre d'études islamiques, où des professeurs de renom lui ont donné un enseignement des plus vastes (3). Il étudia non seulement la théologie, l'exégèse coranique, les quatre rites musulmans, mais aussi les matières ésotériques (4) et, jusqu'à un certain point les doctrines confrériques et branches du chiîsme.