L'Expression: Comment peut-on concilier la démocratie et la religion telles que prônées par El Ghannouchi? Mohamed Nadjib Chahana: El Ghannouchi croit aux règles de l'alternance au pouvoir, aux élections, il respecte les droits de l'homme, les rôles et les acquis des femmes dans la société ainsi que les droits des minorités. El Ghannouchi a appelé et continue à appeler à tous ces principes démocratiques. Cela est rassurant et il n'y a aucune crainte sur la Tunisie. Espérons que le discours sera suivi d'actes! Je suis plus qu'optimiste. Je crois honnêtement que Rached El Ghannouchi est sincère dans ses propos et cela sera effectivement concrétisé sur la scène politique. La Tunisie ne risque-t-elle pas de vivre la même expérience que l'Algérie durant les années 1990? Loin de là, je ne le pense pas du tout. C'est une expérience que nous ne souhaitons à personne. Comme je souhaite que ce qu'a vécu l'Algérie ne sera plus jamais réédité car la facture de l'épidémie a été lourde. Je dirais que la victoire d'Ennahda est une chose normale, Ennahda a eu la confiance de la base populaire. La base populaire a voté en toute démocratie pour Ennahda. Il n y a aucune peur sur la Tunisie car la société tunisienne est politiquement et culturellement mûre. Est-ce que Ennahda va accepter le principe de la laïcité en Tunisie? Ce qu'a déclaré El Ghannouchi est que Ennahda est favorable pour un système civil modéré. Et cela a plusieurs significations. Comment appréciez-vous le fait qu'El Ghannouchi soit accueilli, à sa venue en Algérie, avec beaucoup d'égards? Une chose est sûre: je suis honoré que la hiérarchie algérienne ait donné la place que mérite Rached El Ghannouchi et ce, en acceptant, tout en l'accueillant, sa visite en Algérie. Car cela y va de l'intérêt commun des deux pays.