Le chef du Parti de la Justice et du Développement (PJD, islamiste modéré), Abdelilah Benkirane désigné chef de gouvernement par le roi du Maroc, à l'issue des dernières législatives a obtenu ce week end un accord de principe de trois formations politiques pour constituer une coalition et diriger le prochain exécutif avec une majorité numérique confortable au parlement. Le PJD, arrivé en tête avec 107 sièges lors des élections des membres de la chambre des représentants (chambre basse) a, en effet, réussi à faire adhérer à son projet de coalition gouvernementale ses anciens «adversaires politiques», membres du cabinet sortant à savoir l'Istiqlal (conservateur, 60 sièges, du chef de gouvernement Abbas El-Fassi), le Mouvement populaire (MP, 32 sièges, de tendance libéral et berbériste) et le Pari du progrès et du socialisme (PPS, 18 sièges, ex-communiste). Avec l'apport de ces formations politiques de différentes tendances que rien ne semblait pouvoir les réunir autour d'un parti islamiste ayant fait «cavalier seul» lors de la campagne électorale, le PJD s'est, ainsi assuré d'une majorité de 217 sièges sur les 395 que compte la première chambre pour gouverner et diriger le prochain cabinet en attendant l'adhésion annoncée d'autres formations telle que l'Union constitutionnelle (UC, libéral 23 sièges). Le PJD, formation d'opposition parlementaire qui a fait campagne pour le changement en particulier dans la lutte contre la corruption afin d'amener les électeurs à lui accorder leurs voix se trouve contraint de faire des alliances avec les anciens membres de l'exécutif sortant qui a «échoué à réaliser le développement promis et gâché les équilibres économiques, empêchant une majorité de Marocains à atteindre ou de maintenir un niveau de vie décente». Il a néanmoins pu imposer un débat au sein des alliances politiques par rapport à la participation à un gouvernement mené par des islamistes même modérés avant de réussir à les désagréger à l'image de la Koutla démocratique dont la création remonte aux années 1970. La Koutla regroupe l'Istilal (Parti de l'indépendanc), le PPS et l'Union socialiste des forces populaires (USFP, 39 sièges). Ce dernier parti a, en effet, refusé de répondre favorablement à l'appel de Benkirane de rejoindre le futur gouvernement estimant qu'un retour dans l'opposition lui était salutaire en considérant qu'il a été sanctionné par les électeurs. L'absence de position commune au sein de la Koutla signifiait «la fin» de cette alliance, estiment les observateurs.